Article de International - Publié le Lundi 14 Janvier 2019

Justice pour les militantes kurdes assassinées dans le 10ème en 2013 !

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    Pierre Laurent, Sénateur de Paris, a pris la parole samedi 12 janvier place de la République et a rappelé le soutien du PCF pour que justice soit rendue aux trois militantes kurdes.

     

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    Dominique Tourte, adjointe PCF à la Maire du 10ème, était présente avec des militants communistes à la manifestation du 12 janvier

     

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    La manifestation a regroupé plus de 15 000 personnes entre la gare du Nord et la place de la République. Ici, le cortège de France-Kurdistan.

Le samedi 12 janvier 2019, 15 000 personnes ont participé à la manifestation pour demander justice pour Leyla Saylemez, Sakine Cansiz et Fidan Dogan.

Le 9 janvier 2013, elles étaient assassinées d'une balle dans la tête en plein 10e arrondissement. Trois femmes, trois militantes, abattues froidement dans le bureau du Centre d'information du Kurdistan (CIK).

Assassinées pour leurs idées

Sakine était cofondatrice du PKK, le parti communiste kurde. Son engagement pour la défense du peuple kurde n'était pas du goût du pouvoir turc et Sakine était persécutée dans son pays. Elle est arrêtée et passe les années 1980 en prison, subissant humiliations et tortures. Une fois libérée, elle rejoint la lutte armée. Résistante engagée dans la lutte pour la reconnaissance du Kurdistan, Sakine Cansiz est un symbole d'espoir et de courage pour les femmes du Moyen-Orient. Fidan et Leyla étaient deux autres figures majeures de la résistance kurde.

L'enquête piétine

Le meurtrier présumé, Omer Güney, ne sera jamais jugé. Son procès est ajourné à de nombreuses reprises. En décembre 2016, l'homme décède des suites d'une maladie. Sa mort stoppe net toutes poursuites judiciaires. Pourtant, l'enquête a montré qu'Omer Güney était proche des services secrets turcs. Une fois de plus, la France n'a pas jugé ce crime politique commis sur son territoire et commandité par des services secrets étrangers.

Tout accuse cet homme : une vidéo surveillance le montre pénétrant dans les locaux du CIK juste avant le crime ; l'ADN d'une des trois victimes est retrouvé sur ses vêtements ; son sac contient des traces de poudre. En outre, le mode opératoire est reconnu comme étant celui des services secrets turcs et des membres seraient identifiés. Et enfin, son ultranationalisme et ses liens avec des militants d'extrême-droite turcs, sont avérés. Mais les investigations n'auraient pas permis d'établir la nature de l'implication des agents en cause : ont-il agi avec ou sans l'aval de leur hiérarchie afin de nuire au processus de paix entre Kurdes et Turcs ?

Pendant ce temps en Turquie, les maisons des membres du Parti démocratique des peuples (HDP) sont brûlées, car Recep Erdogan veut éradiquer toute velléité de résistance et de lutte pour la reconnaissance du Kurdistan et pour la démocratie.

La responsabilité de l’État français

Comment expliquer le pourrissement de cette enquête ? En 2013, le président de la république François Hollande évite tout désaccord avec son homologue turc à Ankara, Recep Erdogan. Son régime islamo-conservateur  a pourtant financé et encouragé Daech en lui fournissant des armes. Mais l'OTAN a fermé les yeux, tout comme il a fermé les yeux sur ses exactions en Syrie. L'Union européenne se rend également complice de Recep Erdogan puisque sous l'égide de la France, elle conclut au printemps 2017 un accord sur les réfugiés avec ce même Recep Erdogan. Conçu en forme de donnant-donnant cynique niant tout principe républicain de protection des libertés, cet accord stipule que l'UE taira les persécutions dont sont quotidiennement victimes Kurdes, journalistes indépendants et députes de la gauche laïque tant que la Turquie accueille les migrants issus des pays ravagés par l'occupation de Daech.

Les communistes se mobilisent

Face au silence et à l’inaction de l’État français, qui en six ans n’a jamais reçu les familles des victimes, les élus et militants PCF se sont mobilisés pour que ce crime ne soit pas oublié. Le 9 janvier 2018, suite à de nombreux vœux portés par les élus PCF, une plaque en hommage des trois femmes a ainsi été apposée devant le CIK. Lors de la manifestation, Pierre Laurent, Sénateur de Paris, a rappelé que « derrière ce crime, il y avait la dictature criminelle de Erdogan » et à appeler à retirer le PKK de la liste des organisations terroristes.

Paris ne doit pas devenir la capitale de l’impunité. Les communistes continueront à se mobiliser pour que justice soit rendue à Leyla, Sakine et Fidan !