Article de Politique nationale - Publié le Samedi 15 Janvier 2022

Pourquoi ces augmentations répétées du prix de l’énergie ?

  • La forte progression de la demande a entrainé une flambée du prix du gaz sur les marchés mondiaux et provoque une augmentation du coût de l’électricité. En effet, suite à la fermeture de plusieurs centrales nucléaires en Europe, plusieurs pays manquant d’énergie pilotable en cette période hivernale ont dû augmenter leur recours au gaz, les EnR n’étant pas en capacité de répondre aux besoins énergétiques. Il faut espérer que l’hiver ne battra cette année pas des records de froid. Une situation qui interroge sur les choix adoptés ces dernières années en matière d’énergie.

Depuis plusieurs mois, les prix de l’énergie flambent. En 2021, le gaz a connu 4 augmentations, soit au total + 57%. Les zélateurs de l’ouverture à la concurrence « libre et non faussée » promettaient que la libéralisation du marché du gaz et de l’électricité permettrait « une sécurité d’approvisionnement à un prix abordable pour tous les consommateurs ». Depuis la privatisation de Gaz de France en 2004, le prix du gaz a augmenté de 142%. Quant à l’électricité, son prix a progressé de 22% depuis l’ouverture à la concurrence en 2007 et une nouvelle augmentation est reportée pour 2022.

Face au mécontentement, le gouvernement a décidé, en octobre dernier, de bloquer jusqu’en avril 2022 le tarif réglementé de l’électricité et s’est engagé à limiter à 4% la hausse de ce tarif après avril. Il a également fait adopter le versement d’un chèque énergie de 100 €, un montant totalement insuffisant pour compenser les hausses et destiné à un nombre limité de nos concitoyens.

Et tout récemment, le Ministre de l’Economie a annoncé ce 13 janvier 2 nouvelles mesures destinées à « préserver le pouvoir d’achat des français ». La 1ère est une réduction partielle des taxes sur la facture d’électricité, disposition demandée depuis des mois, notamment par les élus communistes. La 2nde est scandaleuse, car elle constitue un nouveau cadeau aux opérateurs privés au détriment d’EDF qui sera contraint de leur céder davantage d’électricité nucléaire à un tarif très bas. Une perte de l’ordre de 8 Mds d’euros pour l’entreprise publique.

Les raisons de la flambée des prix sur le marché de gros de l’électricité

D’abord un petit rappel : dans le cadre de la libéralisation du secteur de l’électricité, a été créé un marché de gros de l’électricité permettant à tous les membres de l’UE de s’approvisionner en électricité ou d’en mettre à disposition. Ce marché est contrôlé essentiellement par des acteurs privés animés essentiellement par la recherche de profits. Les tarifs sur ce marché sont calculés sur la base de la demande à un moment donné (prix spot) sans prendre en compte le cout réel de production.

Ces derniers mois, on a assisté à une flambée des prix sur ce marché de gros de l’électricité. Cette flambée est liée à l’explosion du prix du gaz, due à la forte augmentation de la demande pour répondre à la reprise économique et en particulier aux besoins en électricité en Europe. En effet, plusieurs pays, qui ont fait le choix de développer les énergies renouvelables et de réduire leurs capacités de production d’énergie pilotable (nucléaire ou charbon), sont contraints de recourir massivement aux centrales à gaz pour compenser l’intermittence des EnR (Energies Renouvelables). C’est, par exemple, le choix qu’a fait l’Allemagne, ce qui l’a amenée à investir dans le projet de construction du gazoduc Nord Stream 2 qui lui permettra à terme de disposer du gaz russe. Un choix qui, malheureusement, ne contribuera pas à décarbonner sa production d’électricité, actuellement l’une des plus carbonée d’Europe.

Des augmentations de tarifs injustifiées dans notre pays !

En France, la production d’électricité provient à plus de 80% du nucléaire et de l’hydraulique, deux modes de production décarbonée et à bas coût. Mais, en raison de la réduction de nos capacités d’énergie pilotable (fermeture de la centrale de Fessenheim, plusieurs réacteurs à l’arrêt pour entretien), EDF a été contraint en cette période hivernale d’acheter de l’électricité sur le marché de gros européen à un tarif gonflé par l’augmentation massive du prix du gaz.

Nos dirigeants, pour rassurer l’opinion, ont affirmé que ce tarif élevé du gaz était ponctuel. Cela ne sera malheureusement pas le cas, car cette ressource va devenir rare, son pic maximal de production ayant été déjà atteint en 2008 en mer du Nord. De plus, la demande va augmenter encore en raison de la volonté européenne de développer les EnR, ce qui renforcera le recours au gaz pour compenser l’intermittence de leur production (absence de vent ou de soleil). Une situation qui risque de faire provoquer de nouvelles augmentations de notre facture énergétique, mais aussi de générer une progression du niveau d’émission de CO2 (450 g de CO2 par KW/h pour le gaz, contre 10 g pour le nucléaire). Un véritable non-sens sur le plan écologique !

Quelles solutions pour sortir de cette impasse ?

Face à l’urgence liée à la crise que nous traversons, Fabien Roussel, candidat PCF à la présidence de la République, a demandé de considérer l’énergie comme un produit de première nécessité. En conséquence, il a proposé, dès septembre dernier, de réduire les taxes prélevées par l’Etat qui représentent un tiers des factures d’électricité et de gaz. Les mesures qui viennent d’être annoncées reprennent partiellement cette revendication

A plus long terme, il préconise de recréer un pôle public de l’énergie, seul moyen de retrouver notre souveraineté en matière de production et de distribution et d’offrir des prix garantis. Cela implique de mettre un terme à la loi NOME, votée sous la présidence de Sarkozy, qui contraint EDF à fournir à des opérateurs privés 25% de sa production nucléaire à un tarif extrêmement bas afin de booster la concurrence. Et ce 13 janvier le gouvernement vient de décider de contraindre EDF à mettre à la disposition de ces opérateurs privés davantage de sa production nucléaire. En effet, compte tenu de la réduction des disponibilités en énergie pilotable ces derniers mois, ces opérateurs ont été contraints de s’approvisionner au prix fort sur le marché spot, réduisant ainsi leur marge de profits. Une décision scandaleuse en faveur du privé et mettant l’entreprise publique face à d’énormes déficits.

Fabien Roussel demande d’en finir également avec l’obligation qu’a EDF de racheter la production éolienne et photovoltaïque à des tarifs exorbitants, assurant une rente à quelques dizaines d’investisseurs privés.  

Afin de répondre à l’augmentation des besoins en électricité pilotable, il propose de relancer la construction de réacteurs nucléaires et d’accélérer la recherche pour passer à des réacteurs de nouvelle génération permettant de recycler une grande partie des combustibles usés. Une telle orientation vise à permettre à notre pays de disposer d’un mix électrique décarboné, sous maitrise publique et incluant toutes les énergies renouvelables : hydraulique, éolien et solaire.

Ce choix s’inscrit dans l’impératif incontournable de réduire au plus vite nos émissions de gaz à effet de serre, comme le recommande vivement le GIEC.