Article de Vie locale - Publié le Lundi 28 Mai 2018

Le 10ème mobilisé contre la loi Asile et Immigration !

  • Le collectif du 10ème pour un accueil digne et solidaire des exilé-e-s (collectif qui regroupe 22 associations, syndicats et partis politiques, dont le PCF) a organisé le 25 mai un débat sur la loi Asile et Immigration. Une loi, rappelons-le, combattue pa

    Le 25 mai, Sylvie Scherer, Présidente de l’association « Ensemble, nous sommes le 10ème » a animé un  débat organisé par le collectif « pour un accueil digne et solidaire des migrants » sur le projet de loi « Asile et immigration » à l’Espace Jemmapes. Un projet essentiellement répressif qui durcit les modalités d’accueil des migrants.

  • Débat contre le projet de loi "Asile et Immigration" 25 mai 2018 img_7442.jpg

    « Résistons à bras ouverts » :  un mot d’ordre qui résume le sens des débats de cette soiée consacrée à la lutte contre le projet de loi « Asile et immigration » voulu par le gouvernement.

     

Le collectif du 10ème pour un accueil digne et solidaire des exilé-e-s (collectif qui regroupe 22 associations, syndicats et partis politiques, dont le PCF) a organisé le 25 mai un débat sur la loi Asile et Immigration. Une loi, rappelons-le, combattue par plus de 300 associations nationales, des syndicats, l’ensemble des partis de gauche, des intellectuels… Même le défenseur des droits, Jacques Toubon, a justifié son opposition devant les parlementaires de la majorité en disant : « il n’est pas caricatural de défendre les droits fondamentaux ! ».

Cette soirée a réuni une soixantaine de personnes, dont la Maire du 10ème, Alexandra Cordebard, et l’adjoint PCF du 10ème, Dante Bassino.

Umit Métin, de l’association des citoyens originaires de Turquie, a introduit la soirée au nom du collectif en rappelant que le 10ème avait une ancienne tradition d’accueil et que ces 22 organisations avaient décidé de se rassembler pour dire que la loi Asile et Immigration ne pouvait pas être faites en leur nom.

Des intervenantes du GISTI et de la FASTI ont ensuite pris la parole pour présenter les mesures de ce projet de loi, notamment en ce qui concerne la rétention ou encore la soi-disant annulation du délit de solidarité. Sur la rétention, elles ont rappelé que le projet de loi visait à doubler la période d’enfermement en rétention (passant de 45 jours à 90 jours) mais surtout que la demande des associations était d’en finir avec la rétention et non de modifier sa durée. Concernant le délit de solidarité, il n’en est pas fait mention dans la loi. Mais il figure toujours dans l’article 622-1 du CESEDA qui précise que « toute personne qui facilite l’entrée, la circulation ou le séjour d’un étranger en France sera puni d’une période d’enfermement de 5 ans et d’une amende de 30 000 euros ». Cet article n’est pas supprimé par le projet de loi. Seules quelques modifications mineures sont apportées et cela laisse la part belle à l’interprétation par les juges de ce texte. Preuve que le délit de solidarité existe toujours : la Commission nationale consultative des Droits de l’homme a demandé au Sénat de supprimer le délit de solidarité afin que la loi ne sanctionne que les passeurs et non les militants solidaires.

Plusieurs personnes, dont la Maire du 10ème, Alexandra Cordebard sont ensuite intervenues pour évoquer la situation des campements du nord-est parisien et demander à l’État de prendre ses responsabilités et d’agir pour héberger les 2 500 personnes qui vivent dans ces campements.

Elie Joussellin, secrétaire de section du PCF Paris 10, est intervenu pour se féliciter que cette réunion puisse se tenir dans le 10ème alors que la rapporteure du projet de loi est Elise Fajgeles, députée du 10ème. En étant rapporteure d’un tel projet de loi, elle tourne le dos à l’histoire du 10ème, par exemple en soutenant l’article prévoyant de criminaliser les travailleurs sans papiers et ce, quelques mois après que les salariées du 57 bd de Strasbourg aient obtenu pour la première fois en France que la justice reconnaisse la traite des êtres humains. Il a également rappelé que ce projet de loi partait d’un constat érroné : la France ne fait pas face à une crise migratoire (seulement 12 % des migrations se font du sud vers le nord, 95 % des réfugiés syriens ont fui vers un pays limitrophe, la France n’est qu’au 21ème rang des pays européens en terme d’accueil…), mais face à une crise de l’accueil générée par 40 ans de politique d’austérité.

Pour le PCF, le meilleur exemple de cette crise de l’accueil est la situation des migrant-e-s dans les campements parisiens. Il a été rappelé que le PCF Paris 10 avait organisé début mars  un rassemblement sur le canal Saint-Martin pour demander la réquisition des immeubles vides et que leurs élus avaient ensuite fait adopter un vœu au conseil d’arrondissement dans ce sens.  Le groupe PCF de Paris a demandé par ailleurs l’ouverture d’un centre de premier accueil dans le bois de Boulogne. La fédération PCF de Paris a interpellé l’État par des courriers au Préfet et organisé le 28 avril 2018 un rassemblement  quai du Lot qui a regroupé plus d’une centaine de personnes. L’État doit maintenant agir et arrêter de laisser la situation se dégrader avec des arrières pensées politiciennes alors que les associations, la Mairie de Paris, les élu-e-s, les riverains, des partis politiques lui demandent d’agir.

Le PCF a enfin rappelé qu’une loi pour un accueil digne et solidaire était nécessaire, mais répondant à des objectifs diamétralement opposés au projet actuel : carte de séjour unique de 10 ans pour sortir les personnes de la précarité, liberté de circulation et d’installation, fin du délit de solidarité, fin de la rétention, loi interdisant les expulsions de jeunes scolarisés sans papiers, création de places en hébergement d’urgence, réquisition d’immeubles, droit de vote pour les résidents étrangers… Il est également utile de revoir la politique étrangère de la France et de mettre fin aux logiques guerrières qui amènent ruines et désastres sur des territoires entiers de la planète.

 

La soirée a été conclue par Sylvie Scherer, « Ensemble, nous sommes le 10ème », qui a rappelé que de nombreuses mobilisations étaient déjà programmées pour poursuivre la mobilisation : la Petite Istanbul le 2 juin, une manifestation avec les sans-papiers le 2 juin à La République, l’arrivée à Paris de la Marche solidaire le 16 juin… La lutte continue contre ce projet de loi, l’un des plus repressifs en la matière que l’on ait connu. L’un des plus inutiles aussi, puisque ne traitant absolument pas la question cruciale de l’accueil.