Article de Vie locale - Publié le Mardi 23 Décembre 2014

Alain Lhostis défend le nouvel hôpital Lariboisière-Fernand Widal avec sa dimension gériatrique

Lors d’une réunion du CHSCT en septembre dernier, la direction de l’AP-HP a dévoilé un nouveau projet remettant en cause le consensus obtenu en 2011 qui prévoyait l’intégration de toutes les activités de Fernand Widal dont la fermeture est programmée. Contrairement aux engagements pris publiquement, elle envisage désormais de ne pas intégrer les 140 lits des services de gériatrie et de longue durée sur le site de Lariboisière et de vendre une partie des terrains de cet hôpital. Un renoncement qu’ont immédiatement dénoncé les élus communistes lors des conseils d’arrondissement et de Paris d’octobre dernier. Depuis, un comité de défense de Lariboisière-Fernand Widal a été créé et une campagne de pétitions a été lancée pour que les engagements initiaux soient tenus.
  • Parmi les personnalités présentes lors du rassemblement  du 10 décembre devant l’hôpital Lariboisière, Alain Lhostis, conseiller communiste de Paris jusqu’en mars 2014, a été l’un des acteurs du projet du nouveau Lariboisière intégrant les services gériatriques. Aujourd’hui  ce projet cohérent est remis en cause pour des considérations budgétaires.

     

Présent lors du premier rassemblement du 10 décembre devant l’hôpital Lariboisière, Alain Lhostis vient de publier un communiqué pour le respect des engagements pris sur la base d’un consensus obtenu après de longues discussions,  entre la direction de l’AP-HP, la communauté hospitalière, la municipalité et les habitants.

C’est lors d’une réunion publique qui s’était tenue le 5 décembre 2011 dans l’école Louis Blanc, que  la directrice de l’AP-HP  avait présenté, en présence de Rémi Féraud et d’Anne Hidalgo,  le projet du nouveau Lariboisière-Fernand Widal faisant l’objet de ce consensus. Il était convenu  que toutes les activités de Fernand Widal dont la fermeture est prévue  devaient être transférées dans le nouveau Lariboisière agrandi par la construction d’un nouveau bâtiment.

Alain Lhostis, Président délégué du Conseil d’administration de l’AP-HP de 2001 à 2008 et  Président du Conseil de surveillance du groupe hospitalier Saint Louis-Lariboisière-Fernand Widal de 2008 à 2014 avait été l’un des acteurs de cet accord. Aujourd’hui, Il s’élève vigoureusement  contre la récente décision de l’AP-HP  de casser la cohérence médicale du projet initial. En projetant de vendre une partie des terrains de Lariboisière à des fins spéculatives, l’AP-HP renonce à la prise en charge des personnes âgées les plus fragiles qui seront envoyées dans un site pas encore défini, mais vraisemblablement en banlieue. 

Dans son communiqué, Alain Lhostis  interpelle la Maire de Paris et le maire du 10e et leur demande de  tenir les engagements pris. Une question de santé publique et de démocratie.

Nouvel hôpital Lariboisière-Fernand Widal : un beau projet avec sa dimension gériatrique !

Il est urgent et indispensable pour des raisons de sécurité sanitaire, de conditions de travail et de qualité de prise en charge des patients, de réaliser le nouvel ensemble hospitalier Lariboisière-Fernand Widal. Depuis quatre ans, un consensus s’est établi, à la suite d’échanges nombreux entre la communauté hospitalière, l'AP-HP, l’Agence Régionale de Santé, la Ville de Paris et la municipalité du 10e arrondissement, autour d’un projet médical global intégrant l'ensemble des activités actuelles de ces deux établissements avec une attention toute particulière au maintien de la prise en charge gériatrique. Ce projet prévoit la construction d’un nouveau bâtiment pour accueillir les urgences, les lits et consultations de médecine, chirurgie, obstétrique et le transfert des lits de gériatrie dans les bâtiments actuels de Lariboisière.

Alors comment comprendre que sous l'impulsion de la direction générale de l'AP-HP, en quelques mois, ce projet soit mis en cause, notamment dans sa dimension gériatrique.

L’argument essentiel de la direction générale de l'AP-HP est la question financière qui l’obligerait, en l’absence de financement suffisant de l’État, à spéculer sur la vente de terrains de ces deux établissements. Elle ajoute que ces modifications sont également liées à la réalisation, à la suite d’une priorité fixée par le Président de la République, d'un nouvel hôpital Nord, dont la localisation n’est pas encore définie mais qui entraînerait la disparition des hôpitaux Bichat dans le 18e et Beaujon à Clichy.

Le plus surprenant est que la direction générale de l'AP-HP ait trouvé une oreille complaisante aussi bien auprès de la Ville de Paris que de la mairie du 10e. Pourtant les raisons de revenir au projet initial sont multiples. Les hôpitaux du Sud,de l’Ouest et du Nord-Est de la Capitale ont à juste titre bénéficié ces 15 dernières années d’importants programmes de reconstruction et de rénovation. Les habitants des 10e, 18e, 19e arrondissements et des communes riveraines, quartiers populaires s’il en est, ont droit à une même attention. Nos hôpitaux sont des lieux d’excellence pour les soins de proximité mais aussi des établissements universitaires, formant les futurs médecins et se consacrant à la recherche. Compte tenu de l’état de vétusté des bâtiments ils doivent bénéficier d’une mise à niveau digne du 21e siècle. C’est une reconstruction-rénovation ambitieuse des hôpitaux Lariboisière, Fernand Widal, Bichat, Beaujon sans oublier Avicenne à Bobigny dont nous avons besoin.

Les populations âgées ayant potentiellement besoin d’une prise en charge sont nombreuses et l'espérance de vie progressant, cette demande va s’accroître. Tous les experts de la gériatrie ne cessent de tirer le signal d’alarme quand ce n’est pas simplement les habitants eux-mêmes, confrontés à la recherche d’un accueil dans la proximité pour un proche touché par la dépendance. Mais ce sont aussi les personnels soignants qui le disent : la proximité de lieux de prise en charge gériatrique avec l'hôpital   participe au bien-être du patient âgé pour les soins, les examens ou les interventions chirurgicales et facilite la recherche d’une orientation après sa prise en charge. Ajoutons que d’un point de vue économique, la réduction des transferts de patients n'est pas négligeable. Ce projet hospitalier Lariboisière-Fernand Widal majeur devant accueillir des dizaines de milliers de patients bénéficie d’un très large consensus construit avec la participation des différents acteurs et l’implication de la population. Il a fait l’objet d’engagements clairs des pouvoirs publics. Mettre en cause sa cohérence médicale en l’occurrence par l'abandon de la prise en charge des personnes âgées les plus fragiles pour des raisons de désengagement budgétaire de l’État, est particulièrement intolérable.

La direction générale assène le coût du projet : 250 millions d'€ et argue que l’État n’en apporterait que 100, ce qui obligerait l'AP-HP à spéculer sur la vente de ses terrains. Pourtant, dans un programme similaire à Lyon, l’État s’est engagé il y a quelques mois à hauteur de 200 millions d'€. Le prix pour un hôpital neuf de cette dimension est dans les normes de référence.

Parlons clair : l’accès égal aux soins est un pilier de la démocratie sociale dans notre pays. L’hôpital public, l’Assistance Publique Hôpitaux de Paris assure 50 % de l’hospitalisation francilienne et 80% de celle des Parisiens. Elle rayonne nationalement et internationalement en matière de recherche et d’innovations médicales. L’actualité en témoigne bien souvent. Elle ne mérite pas la médiocrité mais une grande ambition.

La réorganisation des hôpitaux Nord-Parisiens doit être au niveau des besoins de la population et de l’attente des personnels hospitaliers. La direction générale de l'AP-HP devrait être guidée par ces aspirations. La Ville de Paris dont la maire a été élue à l’unanimité présidente du conseil de surveillance doit en être porteuse comme elle l’a été jusqu’à présent.

Elle doit exiger que l’on revienne au projet initial de reconstruction-reconversion du nouveau Lariboisière-Fernand Widal, un des engagements de son programme électoral en en faisant la condition d’une éventuelle évolution du plan local d’urbanisme souhaitée par l'AP-HP. Elle doit également revendiquer le maintien de Bichat à Paris, dans le 18e par sa reconstruction dans son périmètre actuel.

Enfin la maire de Paris pourrait proposer la mise en place d’une commission mixte Ville de Paris-AP-HP pour examiner dans la transparence les évolutions nécessaires, tant dans l’offre médicale qu’urbanistique en résultant, afin de préparer les États Généraux de la Santé à Paris qu’elle a décidé d’organiser l'an prochain. 

Paris le 18 décembre 2014 .

Alain Lhostis
Président délégué du conseil d'administration de l'AP-HP (de 2001 à 2008),
président du conseil de surveillance du groupe hospitalier Saint-Louis-Lariboisière-Fernand Widal (de 2008 à 2014).