Article de Vie locale - Publié le Jeudi 11 Juillet 2013

Après la mobilisation de soutien au docteur Gérald Kierzek, la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu est repoussée.

Depuis plusieurs mois, la direction de l'AP-HP projette le démantèlement de l'Hôtel-Dieu, avec une fermeture des urgences programmée pour le 4 novembre prochain. A la place, il est prévu de créer une maison médicale et d'y transférer le siège de l'AP-HP. Un projet qui est massivement contesté par les personnels et en particulier le docteur Gérald Kierzek, responsable du service des urgences. Lundi 8 juillet, la direction a décidé de le démettre de ses fonctions. Une sanction qui a suscité un vaste mouvement de soutien des personnels, de leurs syndicats et d'une majorité des élus parisiens.
  • Lors de la manifestation du 9 juillet, le docteur Kierzek, est entouré de syndicalistes et d’élus (dont Pierre Laurent et Odette Terrade, sénateurs communistes et Ian Brossat, Président du groupe PCF-PG au Conseil de Paris).

Colère, stupéfaction, choc, espoir, attente... Depuis lundi, le personnel de l'Hôtel-Dieu et leurs soutiens sont passés par tous ces sentiments.

Acte I : Lundi soir 8 juillet, le docteur Gérald Kierzek est  démis de ses fonctions de responsable du SMUR (Service mobile d'urgence et de réanimation) de l'Hôtel-Dieu... Sa faute ? Le non-respect des "obligations de réserve (…) professionnelle", "le manque de loyauté au regard du projet de soin et d'organisation du service" et "la mise en cause du chef de service". En clair, il lui est reproché de ne pas avoir soutenu bec et ongles, et d'avoir même fortement dénoncé, le projet de l'AP-HP de fermer, le 4 novembre, les urgences de l'Hôtel-Dieu pour faire un « hôpital-debout » (sans hospitalisation). La décision est donc éminemment politique.

Acte II : mardi soir 9 juillet, un rassemblement de soutien au docteur Kierzek a lieu devant l'AP-HP auquel se sont associés des personnels de l'Hôtel-Dieu et les syndicats CGT et Sud de l'établissement, ainsi que plusieurs élus des différents partis de la gauche parisienne. Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et sénateur de Paris, a été le premier à prendre la parole pour exiger la réintégration du docteur Kierzek et l’abandon du projet de fermeture des urgences. Plusieurs interventions se sont succédées, dont celles de  Ian Brossat, Président du groupe PCF-PG au Conseil de Paris et d’Alain Lhostis, élu du Xème et ancien adjoint à la Santé de 2001 à 2008. Ce dernier a  souligné que c'est la première fois qu'il voit un médecin démis de ses fonctions pour son soutien à l'hôpital public.

Acte III : mercredi 10 juillet, Marisol Touraine, Ministre de la Santé, prenant acte de la montée de la contestation, annonce le report de la fermeture des urgences prévue le 4 novembre prochain. Si ce premier pas a été salué par tous, il est jugé insuffisant. La ministre a certes évoqué le report du projet qui constitue un désaveu de l’option retenue par la direction de la direction générale de l’AP-HP, mais elle n’a pas demandé son abandon et accepté d’étudier le projet alternatif visant à maintenir les urgences et les lits d'aval.

En effet cette fermeture, quelle que soit sa date, serait dramatique pour la santé des Parisiens : 40 000 patients viennent chaque année aux urgences de l'Hôtel-Dieu (300 par jour),seul service d'urgences des neufs arrondissements centraux. Sa fermeture aurait pour conséquence d’engorger davantage les urgences de Cochin et de Lariboisière déjà saturées. Cela constituerait également un véritable gâchis financier, alors que plusieurs millions d'euros ont été investis il y a quatre ans pour en faire un hôpital ultra-moderne... Ainsi, hormis les envies spéculatrices de l'AP-HP, rien ne justifie cette fermeture...

La lutte pour la santé des Parisiens sera donc un enjeu crucial des élections municipales de l'année prochaine. Ian Brossat a rappelé que les funestes projets de l'AP-HP ne s'arrêtent pas à l'Hôtel-Dieu : la fusion de Bichat et Beaujon par exemple est envisagée, ainsi que la fermeture de différents services dans d’autres hôpitaux. La mobilisation doit donc se poursuivre.