Article de Vie locale - Publié le Mardi 12 Juillet 2016

CDG Express : aberration sociale, économique, environnementale et démocratique !

  • Le CDG Express est un projet de liaison directe entre la gare de l’Est et l’aéroport de Roissy, mais qui emprunte les lignes saturées du RER B utilisées quotidiennement par 900 000  usagers franciliens. Réservée à une clientèle privilégiée, cette ligne n’accueillera que 20 000 passagers par jour pour un coût exorbitant de près de 2 milliards d’euros. 

  • Le projet du CDG Express atteindra finalement près de 2 milliards d’euros, en incluant les coûts des matériels roulants et de l’atelier garage. Un coût exorbitant pour un nombre de passagers très faible, au détriment de l’indispensable rénovation de la ligne RER B annoncée depuis longtemps et toujours pas programmée. 

Le projet de CDG Express, visant à relier à l'horizon 2024 la gare de l'est à l'aéroport Charles-de-Gaulles, illustre l'intérêt que le gouvernement porte à la parole du peuple. Alors qu'une enquête publique est en cours jusqu'au 12 juillet, le gouvernement a déposé le 6 juillet son projet de loi à l'Assemblée nationale. Discutez, discutez, tout est déjà décidé.

A l'aberration sociale, économique et environnementale, le gouvernement a donc ajouté l'aberration démocratique.

Ce projet est en effet inadmissible. Il met en place un train pour riches, 24 euros le ticket sans possibilité d'utiliser son Pass Navigo, alors que les 900 000 usagers du RER B connaissent des galères quotidiennes. Il dégradera également les conditions de transports des franciliens en empruntant tous les quarts d'heure les voies aujourd'hui déjà saturées du RER B, ce qui est confirmé par différents avis officiels (ARAFER, autorité environnementale, STIF). Il aggravera aussi les nuisances des riverains par une circulation de train rapide de 5 heures à minuit, 365 jours par an.

Le but affiché par les promoteurs de ce projet : offrir à une clientèle d'affaires et de touristes aisés un train de luxe pour rejoindre Paris sans avoir à se mêler aux 900 000 passagers quotidiens du RER B. Pourtant, ce projet a un coût, et non des moindres : 1,9 milliard d'euros. On nous promet que pas un sous d'argent public ne sera versé. En y regardant de plus près, nous pouvons nous interroger... En effet, l'Etat possède 51 % d'Aéroport de Paris, 100 % de SNCF Réseau. Ce dernier est un établissement public, portant une dette, publique elle-aussi, de près de 37 milliards d'euros. Pire, le projet, même avec un ticket à 24 euros, n'est pas rentable. Il est prévu que cette nouvelle ligne ne sera empruntée que par 20 000 usagers chaque jour. Le gouvernement prévoit donc d'instaurer une taxe sur les compagnies aériennes pour combler le déficit... taxe qui sera compensée par une réduction des impôts pour les compagnies aériennes. La question est plutôt de savoir, dans ce montage financier, quel argent n'est pas public ?

Depuis plusieurs années, un collectif composé de syndicalistes, d'usagers et d'élus politiques, dont Didier Le Reste, conseiller communiste de Paris, s'oppose à ce projet et portent des propositions alternatives : entre autres, doubler le tunnel entre les gares de Chatelet et de gare du Nord, ce qui permettrait d'absorber deux fois plus de trafic pour les RER B et D ; réaliser des travaux d'infrastructures au sud de la ligne B pour permettre la circulation de rames à 2 étages ; rénover les voies de chemin de fer et leurs abords, aujourd'hui dans un état vétuste ; investir dans du matériel roulant neuf ou encore réaliser le bouclage du RER B entre Mitry-Claye et l'aéroport.

 

 Communiqué de Nicolas Bonnet-Oulaldj, président du groupe PCF-Front de gauche au Conseil de Paris

 

Madame la Maire,

Monsieur le Préfet,
Mes cher-es collègues,

Notre majorité s’était mise d’accord sur un projet de modification du statut de Paris qui comportait trois volets :

-  Une commune à statut particulier issu de la fusion entre la Ville et le département de Paris 

;-  L’évolution de la répartition des compétences entre l’État et la ville au sens d’un retour au droit commun ;

-  L’élargissement des compétences des Maires d’arrondissement et la création d’un secteur regroupant les quatre arrondissements centraux les moins peuplés ;

Or si nous retrouvons légitimement le contenu du vœu adopté dans le projet de loi présenté le 24 juin au Conseil d’Etat, nous découvrons également des articles bien éloignés du texte de départ.

Cela vaut entre autres, pour le régime des cercles de jeu, la modification du statut des établissements fonciers et de l’EPAD la Défense, ainsi que la ratification de l’ordonnance de février 2016 relative à la réalisation d’une infrastructure ferroviaire dite « CDG express ».

Vous connaissez notre opposition à ce projet et vous sortez qu’il ne ressemble pas notre majorité. Le gouvernement veut aller vite sur ce projet de CDG express, nous l’avons bien compris, mais encore faut-il respecter les formes de la consultation et les éventuelles remarques du commissaire enquêteur.

Vous le savez mieux que moi, le Conseil d’État a estimé que l’État devait porter à la connaissance du public les changements intervenus récemment en ce qui concerne le montage juridique et financier du CDG express, comme l’a confirmé Vincent Pourquery de Boisserin, coordonnateur interministériel chargé du CDG express, étant entendu que ses caractéristiques techniques et le tracé restent inchangés.

Voilà les motivations du complément d’enquête publique qui se déroule en ce moment même et qui se terminera le 12 juillet. Le commissaire enquêteur a un mois pour remettre son rapport. Ce qui nous amène au 12 aout. D’après nos informations le projet de loi sur la réforme du statut de Paris serait présenté au conseil des Ministres du 3 août pour être sur le bureau du Sénat mi-septembre.

Comment peut-on examiner un projet de loi en conseil des ministres et inscrire dans le marbre son montage financier alors que c’est l’une des questions de l’enquête publique dont on ne connaîtra pas les conclusions ?

Ma question est simple peut-on considérer que nous avons droit à enquête publique en bon et due forme ou bien doit-on considérer que les conclusions du rapporteur sont déjà prêtes avant même la fin de l’enquête, puisque déjà écrites dans le projet de loi présenté le 24 juin au Conseil d’État ?

Ou bien, si nous respectons les délais et les conclusions de l’enquête publique sur le CDG Express, nous pourrions voir l’examen du projet de loi de modification du statut de Paris retardé et donc être menacé de ne pas être voté avant la fin de la session parlementaire, en raison des élections présidentielles.

Le projet de loi sur le statut de Paris ne peut être l’otage du CDG express qui est loin de faire l’unanimité ; voilà pourquoi nous demandons le retrait des articles 40 et 41 du projet de loi. 

Nicolas Bonnet Oulaldj

Le 5 juillet 2016