Article de Vie locale - Publié le Vendredi 1 Mai 2020

Les contributions des élus PCF au conseil de Paris du 28 avril 2020

  • Nicolas Bonnet discours 2.jpg

    Lors d’un Conseil de Paris réuni le 28 avril en formation restreinte compte tenu de la situation de crise sanitaire, Nicolas Bonnet Oulaldj, Président du groupe communiste, a participé aux débats et formulé plusieurs propositions, dont la plupart ont été reprises par l’exécutif parisien.

     

Le Conseil de Paris s’est réuni en formation restreinte le 28 avril pour faire un point sur la situation sanitaire dans la capitale. Les élus PCF ont contribué au débat pour tirer toutes les leçons de la crise.

Ils ont rappelé l’urgence à revaloriser les rémunérations des personnels de l’AP-HP et proposé de créer une commission pluraliste visant à analyser les raisons des défaillances graves constatées lors de la crise sanitaire et les responsabilités de chacun. Cette commission viserait également à définir les moyens à mettre en œuvre pour être en mesure de faire face à d’autres crises sanitaires qui pourraient intervenir à nouveau.

Face à notre dépendance en matière de production de masques, de médicaments et de matériel médical, les élus PCF ont proposé d’inscrire dans les appels d’offres une clause « d’achat local » et demandé une modification du code des marchés publics basé sur la règle européenne de « concurrence libre et non faussée ».

Dans le même souci de relocalisation de la production, ils ont rappelé leur soutien à la création d’une coopérative municipale agricole et à l’objectif de reconquête d’une ceinture maraichère autour de Paris.

La reprise de l’école annoncée par le 1er ministre a fait l’objet d’un vif débat. Sa volonté de faire reprendre le travail à un maximum de salariés pour satisfaire le patronat vise à transformer les écoles en simples garderies et fait courir un risque majeur de reprise de la pandémie.

De plus en laissant aux familles le choix de scolariser ou non leurs enfants, il bafoue le principe d’égalité donnant droit à une école commune à toutes les classes sociales. Une orientation inacceptable pour les communistes.

Enfin, l’absence de modalités précises de la reprise scolaire tant en matière d’effectifs que de règles sanitaires place les collectivités locales dans une situation aberrante, ne permettant pas une gestion bien anticipée de cette rentrée, compte tenu des délais très rapprochés. A cela s’ajoute l’éventualité d’un report de celle-ci ultérieurement si la région Ile de France continue à être située en zone rouge…

 

Déclaration de Nicolas Bonnet Oulaldj Président du groupe PCF au Conseil de Paris

Le conseil de Paris réuni à titre exceptionnel a proposé d'attribuer la citoyenneté d’honneur aux personnels de l’AP-HP et à tous les personnels du secteur médico-social.  Ils méritent la citoyenneté d’honneur, mais ils méritent surtout la revalorisation de leur métier et de leur salaire. Cette crise met en lumière les revendications portées par les fonctionnaires, auxquelles les différents gouvernements ont répondu par le mépris notamment sur les salaires, le nombre de postes et les moyens.

Dans le vœu adopté à la majorité, le conseil de Paris a repris la proposition du groupe communiste d'une commission dont le mode de fonctionnement s'inspirerait des missions d'information et d'évaluation (M.I.E). Ce travail s'appuyant sur le travail d'experts, la comparaison avec d'autres pays est absolument nécessaire pour comprendre les causes, les responsabilités et le rôle de chacun dans cette crise. Ce travail est préalable à un changement de doctrine dans nos politiques de prévention des risques que la ville de Paris doit renforcer en y consacrant les moyens financiers nécessaires. A ce titre les politiques de prévention des risques de crises majeures sont incompatibles avec toutes politiques d'austérité. 

Cette crise inédite démontre que les restructurations incessantes à l’AP-HP, les fermetures de lits, le mépris du personnel, la gestion à flux tendus a considérablement affaibli notre système hospitalier, ce qui a conduit l'AP-HP à l’évacuation des patient.e.s vers d'autres régions, à l'appel au renfort de personnels et même aux dons ! Le groupe communiste demande une évaluation précise, un moratoire immédiat sur toutes les restructurations en cours et un réinvestissement dans les hôpitaux de l'Hôtel-Dieu et du Val-de-Grace pour qu'ils retrouvent leur vocation initiale.

Cette crise a mis en lumière notre dépendance vis à vis de certains pays dans la production de masques, de médicaments et de matériel médical tels que les respirateurs. Dans le prolongement du travail que nous avons initié sur la relocalisation de la fabrication à Paris, le groupe communiste demande que la ville prenne l'initiative d'inscrire une clause "d'achat local" en demandant de fait une modification du code des marchés publics pour contrevenir à la règle européenne de la "concurrence libre et non faussée". Paris doit être à l'initiative de l'indispensable relocalisation de la fabrication et du soutien à l'artisanat. Cette crise a mis en lumière nos limites en matière d’indépendance alimentaire. Avec la création des "Halles alimentaires", nous avons été le fer de lance des ventes en circuit court de fruits et légumes. Nous devons aller plus loin avec la création d'une coopérative municipale agricole et reconquête d'une ceinture maraichère. 

Pour protéger les plus fragiles face à une crise économique sans précédent, nous proposons de débattre de nouvelles recettes dans un budget supplémentaire. Par exemple en multipliant par 4 le versement au titre du fonds de compensation de la FCTVA qui pourrait rapporter 800 millions d'euros. 

Les annonces du 1er Ministre sur une reprise de l'école à partir du 11 mai ne sont pas satisfaisantes. Notre boussole ne doit pas être la seule reprise du travail des salariés et la garde de leurs enfants, du fait de la pression du patronat. Sinon autant directement transformer le Ministère de l'éducation nationale en Ministère de la garderie nationale. Si les établissements scolaires doivent rouvrir, c'est pour permettre de réels apprentissages pour l'ensemble des élèves.

 'interruption scolaire a mis en lumière et a amplifié les inégalités scolaires vécues depuis de longues années ce qui nous amène à réclamer un plan d'urgence pour l'éducation avec un fond national dédié. Sur cette question, le gouvernement ne peut pas se défausser sur les collectivités locales, il doit donner un cadre national respectant l'égalité d'accès à l'école de tous les élèves tout en garantissant la sécurité sanitaire des enfants et des personnels.

 Nous devons dès aujourd'hui anticiper la rentrée de septembre avec une réduction des effectifs d'élèves par classe pour respecter la distanciation physique ce qui implique un plan de recrutement de personnels. La fermeture de classes en septembre est inimaginable. Bien au contraire, nous devrions ouvrir de nouvelles classes et surtout revoir pour le secondaire une nette augmentation de la dotation globale horaire. Il est inimaginable que les enseignants compensent les conséquences de la crise actuelle dans des classes aussi surchargées qu'aujourd'hui. 

Pour le groupe communiste, Le résultat de cette pandémie est sans appel, le jour d’après ne sera pas un retour aux jours d’avant et nous devons engager des changements radicaux à commencer par rompre avec le système capitaliste. La pandémie n’est pas la cause de la crise économique, c’est le catalyseur de la vulnérabilité du système économique capitaliste mondialisé. Le monde d’après auquel nous aspirons est celui de l’humain et de la planète d’abord, où il sera interdit de fragiliser les biens communs que sont les services publics, la santé, la sécurité sociale élargie à l’emploi et à la formation, l’éducation, la biodiversité, l’eau et l’air que nous respirons.

 

Nicolas Bonnet Oulaldj

Président du groupe communiste-front de gauche au Conseil de Paris

Le 28 avril 2020