Article de Vie locale - Publié le Vendredi 18 Novembre 2016

Ecoles : le marché juteux de la gestion du chauffage (suite)

Dans le cadre du plan climat, la ville de Paris a adopté en 2010 un contrat de performance énergétique pour 100 écoles parisiennes, suite à la recommandation du cabinet international Price Waterhouse Cooper. Ce cabinet qui s’est dernièrement distingué dans l’affaire LuxLeaks qui a permis à des centaines de multinationales de dissimuler leurs profits ! L'objectif visé était de réduire de 30% la consommation énergétique dans les écoles. Ce cabinet préconisait de confier à une entreprise privée (partenariat public/Privé) pour une durée de 20 ans la réalisation des travaux nécessaires, les services de la ville n'ayant pas été jugés aptes à effectuer ce type de travaux!! Le contrat prévoyait que, si l'objectif de réduction de 30% était atteint, l’entreprise retenue en 2011 (Nov’Ecoles) bénéficiait d'un bonus financier. L’entreprise affichant des résultats supérieurs à 30%, la ville propose désormais d’étendre le dispositif à 100 nouvelles écoles. Pourtant, le bilan de cette opération est contesté par les écoles concernées qui estiment que ce résultat affiché a été principalement obtenu par une baisse de la température.
  • La maternelle Legouvé fait partie des 4 premières écoles du 10ème concernées par le contrat de performance énergétique mis en œuvre en 2012, avec des résultats contestés par les différents membres de la communauté scolaire.

     

A l’occasion de la proposition d’extension du contrat de performance énergétique dans 100 écoles supplémentaires, Dante Bassino, au nom des élus communistes, fait part des insatisfactions ressenties par les personnels  dans les écoles déjà concernées et estime que l’objectif initial a été dévoyé.  Voici les principaux  griefs évoqués par les différents membres de la communauté scolaire : la température est trop basse dans de nombreuses salles, nécessitant parfois l’adjonction de radiateurs électriques ; pas de mise en chauffe anticipée après le week-end ou les vacances ; pas de modulation de la température selon l’utilisation des salles (statique ou en mouvement) ; coupures intempestives...  Dante Bassino estime que les objectifs ont été dévoyés et que les gains avancés ont été réalisés, principalement  par une basse de la température, au détriment du confort des élèves et des personnels. Par ailleurs, cette baisse de la température a permis à la société privée NOV’ECOLES d’attendre l’objectif de réduction de consommation énergétique de 30% et de bénéficier ainsi  d’un bonus contestable. Dante Bassino juge  que ces travaux auraient pu être réalisés par les services de la ville, avec des résultats meilleurs et un moindre coût. Pour ces raisons, les élus communistes, bien que,  partageant la priorité de réduire la consommation énergétique et l’émission de gaz à effet de serre,  voteront de nouveau contre cette délibération, coûteux pour la ville, mais juteux pour les entreprises  du marché du business vert.

Intervention de Dante Bassino sur Nov’Ecoles, au nom du groupe communiste, lors du Conseil d'arrondissement du 19 octobre 2016

Cette délibération propose d’adopter un avenant au contrat de performance énergétique dans les écoles. Avant de rappeler ce qui avait fondé notre opposition en 2010, nous souhaitons alerter les membres de ce conseil sur la situation dans la plupart des écoles concernées.

Nous ne pouvons que souscrire à l’objectif affiché d’amélioration des performances énergétiques. Seulement, après questionnement sur la mise en œuvre dans les écoles concernées du 10ème, au nombre de 4 actuellement, complétée par des prises d’informations au niveau parisien, il semble bien que l’objectif ait été dévoyé.

… Aucune appréciation positive et des retours sont absolument stupéfiants. Voici quelques-uns des propos recueillis : « dans certains locaux, il fait froid tout le temps », « nous utilisons des chauffages électriques d’appoint…»,  « les courbes de températures sont  trop basses », « relance trop tardive du chauffage le lundi et aux retours de vacances », « coupures intempestives », «  baisse des températures trop rapide après les heures de classe… », « travaux d’isolation non effectués ou mal réalisés »…

Cela m’amène à plusieurs commentaires techniques et politiques.

On ne peut pas se contenter d’un objectif chiffré en termes d’économie, car en exagérant à peine le trait Nov’Ecoles s’est contenté de baisser le chauffage. La mise au pont du programme et l’évaluation des résultats doivent se faire avec les utilisateurs

Aujourd’hui les économies d’énergie ne sont que de façade, puisque des chauffages d’appoint très énergivores sont utilisés et, comme c’est nécessaire, cela ne peut être reproché à ceux qui les utilisent.

… Nous ne pensons pas qu’il y ait eu une surchauffe généralisée auparavant. Si un changement est nécessaire, il ne peut être que progressif et mené en accord avec les utilisateurs.

La température de 19°C ne peut pas être le seul objectif. Outre la faiblesse de ce chiffre pour les lieux où l’ont reste immobile, son uniformité doit être revue.

De plus, la température mesurée dans l’air de 19°C ne dit rien du confort thermique. Celui-ci varie considérablement en fonction de la température et donc du degré d’isolation des murs et fenêtres, mais aussi en fonction de l’humidité ambiante et du mode de chauffage. Et je ne parle pas de la hauteur à laquelle est effectuée la mesure, ce qui la fait varier.

Il faut donc immédiatement faire le point sur la situation et rendre aux écoles une température adéquate avec le travail scolaire et adoptée à chaque lieu de vie.

Il faut ensuite envisager rapidement avec les services de la Ville qui sont tout à fait compétents pour cela, les travaux d’isolation, de ventilation et d’amélioration du système de chauffage.

J’en reviens à ce qui avait fait l’opposition des élus du groupe communiste lors de la première délibération sur ce contrat en 2010.

Nous sommes en présence d’un PPP (partenariat public privé) ou plutôt un partenariat pour le privé ! Chaque fos que ce type de partenariat est mis en œuvre, il s’agit  toujours de contrats perdants pour les collectivités : soit le coût explose, soit les résultats sont très insatisfaisants et les rectifications très difficiles à obtenir, soit les deux.

Force est de constater qu’une fois de plus les élus PCF avaient raison, les faits le montrent.

Ce PPP avait été signé sur recommandation du cabinet international Price Waterhouse. Il y a dans l’entreprise Nov’Ecoles qui pilote l’opération un fond d’investissement qui s’affiche éthique, mais dont les objectifs sont clairs : minimiser les risques en conservant l’objectif de rentabilité par l’investissement dans ce genre de projet.

D’ailleurs,  cette entreprise composée de 5 ou 6 personnes montre par elle-même son but. Les CV des « collaborateurs » sont éclairants : la plupart viennent de grandes banques.

Les élus communistes, fidèles à leur vote de 2010 et renforcés par le constat d’échec qu’ils tirent des résultats, voteront donc contre cette délibération qui prévoit d’étendre ce contrat à 100 nouvelles écoles et continueront à d’agir pour que le tir soit rectifié.

Dante Bassino, maire adjoint en charge du logement

Le 19 octobre 2016