La victoire est totale ! Les sept grévistes (6 femmes et un homme) du salon d'onglerie et de coiffure du 50 bd de Strasbourg ont été régularisés. Sans papiers, sans contrat de travail, non payés depuis le mois de décembre dernier, ils avaient décidé de se mettre en grève le 3 février.
À partir du 10 février, avec l'appui de l'UL CGT 10 et de la confédération CGT, ils occupent le salon nuit et jour. Le PCF et les jeunes communistes de Paris prennent une part extrêmement importante dans la lutte : ils participent régulièrement à l’occupation du salon et y passent de nombreuses nuits. Interpellé par les élu-e-s communistes, le maire du 10ème vient sur place et se prononce pour la régularisation des travailleurs.
La principale difficulté pour aboutir à la régularisation était due à l'absence de contrat de travail qui empêchait les grévistes (malgré leur présence en France, pour la plupart, depuis une dizaine d'années) de rentrer dans les critères de la circulaire de Manuel Valls du 28 novembre 2012, celle-ci ne prenant pas en compte le travail au noir. Heureusement, un rapport de l'Inspection du travail, venue au début du conflit, a certifié l’existence d’une activité salariée et d’un lien de subordination.
Après près de trois mois d’occupation et de multiples interventions, le résultat est là : les deux coiffeuses ivoiriennes ont reçu une carte de séjour vie privée/vie familiale, trois chinoises auront leur carte définitive dès qu'elles auront passé leur diplôme de français cet été et les deux derniers grévistes ont une autorisation de séjour et de travail qui pourra être changée en carte vie privée/vie familiale s'ils présentent dans l’année qui vient huit fiches de salaire. Une victoire qui fera date, car c'est la première fois que des régularisations de personnes travaillant sans contrat de travail ont lieu en France. La preuve que la lutte paie !
On ne saurait trop insister sur le caractère exceptionnel de cette lutte : lutte de femmes ultra précarisées qui ont eu le courage de se révolter, lutte de femmes qui tout en faisant grève ont repris le travail à partir du 15 février « à leur compte » pour subvenir à leurs besoins, lutte enfin de femmes qui sont restées solidaires malgré toutes les tentatives de les diviser (régularisation de cinq travailleurs un mois avant les deux derniers). Une grande joie aujourd'hui pour tous ceux qui ont participé à ce combat.