Article de Vie locale - Publié le Jeudi 16 Mai 2013

Fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu : un report prévisible sur l’hôpital Lariboisière !

  • L'Hotel-Dieu, le plus ancien hôpital de Paris (fondé en 1651) risque de voir ses urgences fermées à la fin 2013 !

La direction de l'AP-HP a annoncé le 14 mai 2013 que les urgences de l'Hôtel-Dieu fermeraient le 4 novembre prochain. Ce n'est pas une surprise, tant les esprits avaient été préparés ces dernières semaines. Plusieurs services, dont la pneumologie et la chirurgie thoracique, avaient déjà été transférés à l'hôpital Cochin. La psychiatrie et la radiologie devaient suivre. Jean-Marie Le Guen, adjoint socialiste à la Santé du Maire de Paris, avait quant à lui parlé de faire de ce site un « hôpital debout du 21ème siècle » où seuls les soins ambulatoires (ne nécessitant pas d'hospitalisation) perdureraient. Cette décision aura des conséquences importantes pour l'accès aux soins des Parisiens.

Ce sont 40 000 personnes qui se rendent chaque année aux urgences de l'Hôtel-Dieu pour des services d'urgences ophtalmologiques ou médico-judiciaires, uniques à Paris. Seul service d'urgences au centre de Paris, à proximité de nombreux transports en commun ou axes de communication, sa fermeture réduira encore plus l'accès aux soins des Parisiens et des Franciliens.

Ce sont principalement les urgences des hôpitaux Cochin dans le 14ème et Lariboisière dans le 10ème qui devraient accueillir les patients laissés sur le carreau. On estime entre 12 000 et 15 000 le nombre de passages annuels supplémentaires pour ces deux hôpitaux. Or, leurs urgences sont déjà surchargées. Autre conséquence, il n'y aura plus aucun service d'urgences dans les neufs premiers arrondissements de Paris.

Par ailleurs, les soins de premiers recours sont déjà faibles dans certains  arrondissements parisiens. Alors qu'on compte dans le 8ème  plus de quatre médecins généralistes pour 1 000 habitants, ce chiffre chute à 0,82  dans le 10ème et  à 0,78 dans le 18ème. C'est donc encore une fois les arrondissements populaires qui pâtiront le plus de la fermeture des urgences et de l'engorgement des services qui restent.

Le pire est que cette décision ne cache en réalité qu'une “banale” opération immobilière : la fermeture de l'Hôtel-Dieu permettra à l'AP-HP d'installer ses bureaux dans les locaux de l'ancien hôpital et ainsi vendre les locaux actuels de l’avenue Victoria. La spéculation immobilière en arrive à faire des ravages, même au détriment de la santé des Parisiens.

Seuls les élus communistes et du Parti de gauche se sont opposés depuis le début à la fermeture des urgences de l'Hôtel-Dieu. Ian Brossat, président du groupe au Conseil de Paris, s'est rendu à de nombreux rassemblements de soutien. Anne Hidalgo, candidate  à la mairie de Paris, déclare dans son livre-programme qu'elle veillera au maintien des services de soins de proximité. Depuis l'annonce de la fermeture des urgences, elle a rencontré, en présence de Christophe Girard, maire du 4ème et Rémi Féraud, maire du 10ème,  les responsables de la CGT de l'hôpital pour les assurer de son soutien. Toutefois, le projet a été préparé et défendu par son ancien rival socialiste à la Mairie de Paris, Jean-Marie Le Guen, sans que ni elle, ni Bertrand Delanoë ne s'expriment contre le projet.