Article de Vie locale - Publié le Dimanche 4 Février 2024

Fermetures de classes, suppressions de postes : l’école publique en danger

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    Suite à la nomination de la nouvelle ministre et au projet de fermetures de classes annoncées pour septembre 2024, la commununauté scolaire sest moblisée début février. Dans le 10ème, ce sont 12 classes qui sont menacées de fermeture, ainsi que 5 postes dans les collèges. Pourtant nos classes sont pami les plus surchargées en Europe. Non au marchandage des moyens pour léducation de nos enfants. Oui, lécole est en danger !

Profitant de la baisse des effectifs scolaires à Paris depuis 10 ans, le rectorat  continue de fermer des classes : à la rentrée de septembre 2024, il veut supprimer 125 classes dans les écoles maternelles et élémentaires à Paris et 128 postes dans le second degré dont 101 dans les quartiers populaires parisiens. Soit 12 fermetures de classe dans le 10ème en primaire, après les 10 de l’année dernière, et 5 classes dans les collèges.

Mais une autre politique est possible :  La France est le pays d’Europe ayant les classes les plus chargées, avec 22 élèves par classe en primaire en moyenne (chiffre en baisse suite au dédoublement des CP et CE1 en éducation prioritaire, mais pour les autres c’est évidemment davantage) contre 19,3 en Europe. Au collège, la France compte 26 élèves par classe contre une moyenne européenne de 21, soit une surcharge de 24 %, alors que tout le monde s’accorde sur la difficulté de faire progresser les élèves et de résorber les inégalités dans des classes surchargées. On  ne peut pas sans cesse donner d’autres pays en exemple sans se doter des moyens nécessaires pour les imiter.

On pourrait aussi mettre en place un plan pour remédier aux difficultés des élèves consécutives à la pandémie, qui a évidemment fragilisé davantage les enfants défavorisés, plutôt que de se lamenter de la baisse des résultats PISA. On pourrait recruter des remplaçants pour que les élèves de nos écoles ne soient pas répartis dans les autres classes lors de l’absence de leur enseignant. À Paris, il manque 200 postes de remplaçants dans le primaire. Il manque aussi des maitres spécialisés E (dominante pédagogique) et G (dominante rééducative).

En parallèle, il n’y a pas de classe supprimée dans l’élémentaire privé sous contrat, dont le nombre d’élèves progresse même légèrement. En 2016, les élèves scolarisés en école élémentaire privée dans notre arrondissement représentaient 16,8 % de ceux dans le public. En 2022, ce taux est passé à 22,2 %, alors que le ratio privé public ne doit théoriquement pas dépasser 20 %. Par ailleurs,  il s’envole en collège à Paris pour atteindre les 50 %. Céline Boulay-Espéronnier, sénatrice LR de Paris, savait bien ce qu’elle faisait en demandant la suppression de cette règle des 20 % en 2022.

N’oublions pas que ces établissements privés choisissent leurs élèves et ne sont soumis à aucune exigence de mixité sociale. Le sénateur communiste Pierre Ouzoulias a déposé en 2023 une proposition de loi visant à lier le financement public des établissements privés à des critères de mixité sociale. À Paris, sur les 30 collèges les plus favorisés dont l’IPS (indice de positionnement social) est le plus élevé, on ne trouve que 5 collèges publics. Sous couvert de libre choix, se dissimule le séparatisme social : les écoles catholiques privées sont nettement plus fréquentées que les églises. Et c’est sans compter le privé hors contrat : notre arrondissement accueille depuis l’an dernier deux écoles maternelles dont les frais de scolarité et de cantine s’élèvent à 1500 euros par mois.

Il ne sert à rien d’invoquer le réarmement civique, alors que l’école publique est délaissée au profit du privé avec la bénédiction de ministres qui en sont le plus souvent issus. Une nation ne se construit pas par l’injonction et la communication, il nous faut une réelle politique sociale et éducative.

Les élus communistes du 10ème ont fait adopter un vœu, lors du conseil darrondissement du 23 janvier dernier, demandant lannulation de ces projets de fermeture de classes. Ils seront aux côtés des parents pour les soutenir dans leur lutte.