Article de Vie locale - Publié le Jeudi 23 Juillet 2020

« Gare du Nord 2024 » : le gouvernement interpelé !

  • Banderole du Comité 21 juillet 2020 img_1118.jpg

    Au fil des mois, l’opposition au projet « Gare du Nord 2024 » porté par la SEMOP, détenue à 66% par Auchan, n’a cessé de grandir. Pour les riverains, ce projet gigantesque va générer des flux supplémentaires de véhicules dans un quartier déjà asphyxié, mais aussi au moins 5 années de travaux réalisés majoritairement la nuit. Une première banderole posée rue du fg St Denis par le Comité des habitants Gare du Nord/La Chapelle.

  • Banderole 1600 bus Fg St Denis img_1120.jpg

    Afin de réaliser la gigantesque galerie commerciale, les promoteurs du projet « Gare du Nord 2024 » ont prévu de supprimer la voie descendant de la gare des bus qui permettait d’atteindre la rue St Quentin et le bd Magenta. Anticipant cet aménagement projeté, les bus descendent désormais par la rue du Fg St Denis, mise en double sens. Conséquence : 1 600 passages de bus par jour entre les gares du Nord et de l’Est.  Un ensemble de pollutions de tous ordres, inacceptables pour les riverains.

     

Pierre Laurent, sénateur communiste de Paris, a posé le 21 juillet une question orale au Ministre chargé des transports pour lui demander de suspendre l’actuel projet et d’entamer une totale remise à plat de la transformation de la gare du Nord.

En effet, le préfet de Région a délivré le permis de construire pour le projet très controversé « Gare du nord 2024 », soutenu par la SEMOP, société détenue à 66 % par Ceetrus, filiale immobilière d’Auchan.

Pour Pierre Laurent, il s’agit d’un « projet d’un autre temps, en contradiction avec les exigences de la transition écologique ». Il répond à un impératif purement financier, visant à « capter commercialement les 200 millions d’usagers annuels en transformant en centre commercial plus de 20 000 m2 au détriment des usagers ».

Dès la présentation du projet à la presse en juillet 2018, les communistes et leurs élus ont dénoncé cette privatisation de la gare et le rallongement des parcours des voyageurs en raison de la séparation des flux d’entrée et de sortie de la gare. Ils ont souligné que le vaste espace commercial projeté allait générer diverses nuisances, notamment des flux supplémentaires de véhicules dans un quartier déjà totalement saturé.

Au fil des mois, l’opposition au projet s’est élargie. Des collectifs d’architectes et d’urbanistes l’ont qualifié « d’inacceptable » et de « dépassé avant même d’être construit ». Les mairies de Paris et du 10ème, n’ayant pas reçu de suites positives à leurs demandes de modifications, s’opposent désormais au projet et envisagent des recours. Des démarches de ce type sont en cours de préparation par des associations locales, comme le Comité des habitants Gare du Nord/La Chapelle.

En réponse à Pierre Laurent, Mme Wargon, ministre déléguée auprès de la Ministre de la Transition écologique, a justifié l’intérêt de l’actuel projet. Selon elle, les « surfaces des activités commerciales ne constituent nullement une entrave au fonctionnement de la gare ». Elle a précisé que le lancement des travaux aurait donc lieu et qu’un « comité des parties prenantes sera mis en place pour limiter les nuisances et les désagréments ».

Un tel entêtement va renforcer la mobilisation grandissante contre l’actuel projet.

Intervention de Pierre Laurent, Sénateur PCF de Paris :

"Un projet d’un autre temps, en contradiction avec les exigences de la transition écologique"

 

Monsieur le Président, madame la Ministre, mes chers collègues,

Le préfet d’Île-de-France a délivré début juillet le permis de construire pour le très controversé projet « Gare du Nord 2024 ». Très éloigné du projet d’amélioration des mobilités qu’appelle l’intense trafic de cette gare, ce projet est purement financier et anti-écologique.

La SNCF et, surtout, son associé le groupe Auchan, qui détient 66 % du projet via sa filiale immobilière Ceetrus, cherchent à capter commercialement 200 millions d’usagers annuels en transformant en centre commercial plus de 20 000 mètres carrés de la nouvelle gare au détriment des usagers.

Ce projet sera un gâchis du même acabit que l’inutile et nuisible Charles-de-Gaulle Express, allant à l’encontre du rééquilibrage nécessaire des activités dans Paris et dans l’espace de la métropole du Grand Paris.

Les commissaires enquêteurs qui ont approuvé le projet reconnaissent eux-mêmes que l’insertion urbaine et le trafic banlieue – rien que cela ! – sont maltraités par le projet. De nombreux acteurs et élus – le Comité des habitants Gare du Nord-La Chapelle, la mairie de Paris, un collectif de 19 architectes et urbanistes de renom – estiment négatives les conséquences du projet, pour les usagers comme pour les riverains.

D’autres choix sont appelés, et sont possibles, pour faire de la gare du Nord un espace civilisé de mouvement et de rencontres. La Ville de Paris a annoncé qu’elle allait engager des recours contre ce projet d’un autre temps, en contradiction avec les exigences de la transition écologique.

Madame la Ministre, le Gouvernement compte-t-il retirer ce projet pour ouvrir la voie à une remise à plat, ou va-t-il s’entêter ?

Pierre Laurent

Sénat, le 21 juillet 2020