Article de Vie locale - Publié le Vendredi 12 Juillet 2019

Gare du Nord 2024 : première victoire contre un projet spéculatif !

  • Gare du Nord Auchan_

    Le projet « Gare du Nord 2024 » porté par la filiale immobilière d’Auchan vient de recevoir un avis défavorable de la Commission départementale de l’aménagement commercial. Elle estime que la multiplication par 5 des surfaces commerciales porterait atteinte au tissu commercial environnant et à la vie urbaine du quartier. Suite à cette prise de position, le Préfet de Région ne peut pas accorder le permis de construire. La filiale d’Auchan a fait appel de cette décision…

     

Le projet « Gare du Nord 2024 » a été dévoilé, il y a un an, le 10 juillet 2018. Il prévoit de multiplier par cinq les espaces commerciaux, mais en augmentant très peu les espaces consacrés aux activités et services ferroviaires indispensables pour les usagers. Le projet est porté par la SEMOP, une société controlée majoritairement par CEETRUS, dans laquelle la SNCF ne dispose que de 34 % des parts. C’est Auchan, à travers sa filiale  immobilière Ceetrus, qui deviendra à terme l’actionnaire majoritaire de la gare. C’est donc une véritable privatisation de la gare, et ce pour 46 ans, durée de la concession.  Le PCF est  le seul parti politique du 10ème à s’être clairement prononcé contre, dès sa présentation le 10 juillet 2018.

La Commission départementale d'aménagement commercial (CDAC) a rendu le 27 juin 2019 un avis défavorable sur "l'extension de 16.321 mètres carrés de l'ensemble commercial (...) situé au sein de la Gare du Nord".  Elle estime que ce projet pourrait « porter atteinte au tissu commercial environnant » et donc à  « la vie urbaine du quartier ». Une première victoire pour tous les opposants à ce projet, au premier rang les riverains mais aussi les communistes de l’arrondissement.

Compte tenu de cette décision de la CDAC, le permis de construire ne peut pas actuellement être délivré par le Préfet de région. Auchan a fait appel pour tenter de modifier cette décision. Mais cet allongement significatif des délais fait craindre aux défenseurs du projet de ne pas être prêts, comme ils le souhaitent, pour les jeux olympiques de 2024.

Le sujet s’est une nouvelle fois invité au Conseil de Paris de juillet 2019. Les élu-e-s PCF, mais aussi les élu-e-s EE-LV et Génération.s ont voté contre le permis de construire. Didier Le Reste, conseiller PCF de Paris, a rappelé que les communistes demeurent « opposés sur le fond au contenu de ce projet, notamment sur le volet business/privatisation des espaces. Même si nous sommes d’accord sur la nécessité d’engager des travaux de réaménagement de la Gare du Nord et de ses abords, nous considérons que ce projet n’y répond que partiellement et n’intègre pas des questions lourdes, d’où la difficulté d’y répondre correctement. »

Si la concertation a permis des améliorations à la marge, essentiellement sur l’augmentation des espaces verts, le projet n’a pas bougé réellement et il prévoit toujours, par exemple, la multiplication par 5 des espaces commerciaux.

Lors de la présentation du projet, il y a un an, les communistes du 10ème posaient déjà les questions suivantes :

  • Quid des nuisances liées aux travaux, pour les riverains, alors que ceux-ci doivent se dérouler la nuit et s’étaler jusqu’en 2024 ?
  • Quid de l’indispensable réorganisation des différents modes de transports (dont les bus, les taxis et les VTC) autour de la gare du Nord ?
  • Quid du nécessaire aménagement de la partie Nord de la gare jusqu'au bd de la Chapelle et du renforcement de la liaison avec la station La Chapelle?
  • Quid du financement de ce projet ? L’État se désengage du projet Gare du Nord au profit du privé alors que, dans le même temps, il ouvre les robinets pour financer le CDG Express, un train pour les riches qui, partant de la Gare de l’Est, reliera l’aéroport Charles  de Gaulle ?
  • Quid de la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscale quand l’État cède la première gare d’Europe à Auchan, accusé en 2017 d’évasion fiscale ?
  • Quid aussi de la défense des services publics avec, par exemple, la récente fermeture du bureau de poste de la gare ?

Un an plus tard, force est de constater que ces mêmes questions demeurent. D’autres ont d’ailleurs surgi , comme la mise en double sens des voies de bus dans la rue du Fg Saint-Denis entre Gare de l’Est et Gare du Nord qui double le trafic des bus (950 à la montée et 650 à la descente). Une mise à double sens rendue obligatoire avec la suppression, prévue par CEETRUS,  de la rampe descendant de la gare des bus qui permettait à ces derniers de rejoindre le bd Magenta par la rue Saint Quentin. Une situation qui suscite des nuisances importantes et provoque la colère des riverains.

Les communistes restent mobilisés pour demander un réaménagement de gare qui répondent aux besoins des riverains et des usagers quotidiens de la gare, et non pas aux appétits des géants de la grande distribution. La décision de la CDAC et le vote des élu-e-s PCF au Conseil de Paris sont un point d’appui pour celles et ceux qui luttent, sur le terrain, contre ce projet.