Article de Vie locale - Publié le Samedi 17 Octobre 2015

Intervention de Didier Le Reste lors d’un hommage au poète et résistant Robert Desnos

  • Rassemblement devant le siègede l’association Robert Desnos, à l’occasion du vernissage de la fresque, en présence du maire du 10e, de Didier Le Reste, élu communiste en charge de la politique de la ville, de Dominique Tourte, adjointe au maire du 10e, et d’André Barbillat, fondateur en 2002 de l’association Robert Desnos. 

  • En hommage à Robert Desnos, homme de lettres et résistant, la fresque réalisée  au 9 rue Louis Blanc, au cœur du quartier de la Grange aux Belles, sur la grille du siège de l’association Pierre Desnos, créée en 2002. 

C’est le 13 octobre dernier que s’est tenu un rassemblement pour la commémoration du retour des cendres de  Robert Desnos et le vernissage  de la fresque en hommage au poète résistant. Cette fresque, financée par le conseil de quartier, a été réalisée sur la grille du siège de l’association Robert Desnos, situé au 9 de la rue Louis Blanc. Cette association, créée en 2002 par un militant communiste, André Barbillat, a pour objectif de mener des initiatives favorisant les  liens sociaux et intergénérationnels dans le quartier de la Grange aux Belles et  des actions d’accompagnement scolaire. Didier Le Reste, élu PCF-FDG du 10e en charge de la politique de la ville, a rappelé l’engagement de Robert Desnos dans la résistance à l’occupant nazi, son arrestation en février 1944 et sa mort en juin 1945 dans un camp en Tchécoslovaquie. Un résistant, mais aussi un homme de lettres reconnu, un poète qui continuera à écrire jusqu’au dernier moment de sa vie et dont les textes sont un hymne au courage, au combat pour les valeurs humanistes.

Intervention de Didier Le Reste

Tout d’abord au nom de la municipalité, représentée ici par son Maire, Rémi Féraud, ainsi que par plusieurs autres élus présents, je tiens à saluer les organisateurs de cette initiative. Rendre hommage aux  hommes et aux femmes qui ont marqué Paris peut prendre des formes très diverses...

Robert Desnos n’est pas un inconnu pour la Ville de Paris. Deux plaques commémoratives ont été réalisées par la Ville de Paris pour lui rendre hommage. Une plaque a été apposée sur sa dernière résidence  au 9 rue Mazarine, dans le 6e arrondissement. Il y est inscrit : « ici vécu de 1934 à 1944 Robert Desnos Poète français. Arrêté par la Gestapo et déporté, il trouva la mort parce qu’il était épris de liberté, de progrès et de justice ».

En 2006 une plaque commémorative a également été  inaugurée dans le 11ème arrondissement au 32 bd Richard Lenoir sur la maison où il est né. A quelque pas de nous, se trouve bien sûr la place Robert Desnos, nommée en hommage au  poète résistant.

Demain dans son auditorium, l’hôtel de ville accueillera un colloque intitulé « Du surréalisme à la Résistance : le parcours de Robert Desnos » organisé par la fondation « mémoire et espoirs de la résistance ».

Mais les initiatives commémoratives ne se limitent pas aux salons de l’hôtel de ville. La mémoire pour être vivante doit pouvoir exister dans les quartiers au plus près des habitants, petits ou grands, dans l’esprit intergénérationnel que représente Robert Desnos. La mémoire pour être vivante doit exister dans des initiatives, comme celle-ci, festives et populaires. Et c’est pourquoi nous sommes heureux de participer à cette soirée.

C’est l’occasion de découvrir la fresque de Robert Desnos réalisée sur le local de l’association grâce au financement décidé par le conseil de quartier. C’est l’occasion également pour les uns et les autres de découvrir ou de redécouvrir des poèmes, des écrits de Robert Desnos.

Le plus bel hommage qu’on peut rendre à un homme de lettres c’est de faire vivre son œuvre. Et c’est le cas ce soir avec les lectures de certains de ses textes.

Je ne vais pas m’attarder sur la vie de Robert Desnos puisque de nombreux aspects ont été évoqués par l’association. Mais juste quelques mots tout de même sur l’importance de son travail dans la résistance à l’occupant nazi.

Robert Desnos a, entre autres, fait partie du Comité de vigilance des intellectuels antifascistes (CVIA). En tant que journaliste, il a participé à des actions armées et il a également joué un rôle en matière de renseignement au point qu’il lui valut la reconnaissance de l’état major britannique avec la délivrance d’un certificat de service daté du 6 mai 1946 par Montgomery alors commandant en chef des forces impériales anglaises. Jusqu’à ce que sa résistance contre l’occupant soit brutalement interrompue  le 22 février 1944.

Lui qui, dans les articles du journal AUJOURD’HUI, s’élevait contre la dénonciation, la délation, a été rapidement convaincu d’avoir été dénoncé lorsque rue des SAUSSAIES, lors d’un interrogatoire, il s’est entendu dire : « vous n’êtes pas juif mais vous en avez le faciès, vous n’êtes pas communiste mais vous ne fréquentez que des communistes. Vous cachez chez vous un ennemi du REICH ! »

Même après son arrestation, ses œuvres : Demain, Le veilleur du Pont-au-Change, Les couplets de la rue Saint-Martin et bien d’autres poèmes de Desnos restent un hymne au courage, au combat pour des valeurs humanistes.

Dans une période particulièrement troublée, l’interprétation et l’espoir que chacun pouvait trouver dans la littérature, dans la poésie étaient source d’inspiration. L’homme de plume, le poète dont l’œuvre singulière et inachevée aura marqué l’époque.

L’homme de résistance aura combattu au nom des valeurs de liberté et de dignité et malheureusement disparu dans l’aurore de la libération. Comme l’a dit Pierre Seghers, « les poètes étaient de grands animateurs de l’histoire, car ils savaient sentir avec force et inspirer de grandes actions et de grands progrès par le pouvoir qu’ils possèdent de faire passer les idées dans le cœur des hommes ».

Il faut le dire, les mots ont un sens, les mots ont un pouvoir, et c’était d’ailleurs le thème d’un débat à la section du parti communiste du 10e  la semaine passée : « les mots et l'usage qu'il en est fait ».

En tant que cheminot je suis plus familier aux commémorations des faits de résistance des cheminots parisiens, dont la grève insurrectionnelle dès le 10 août 1944, à l’initiative de la CGT illégale et des FFI, a été déterminante dans la libération de Paris.

Mais comme c’est encore le cas pour les luttes actuelles, menées toujours pour défendre la justice et la liberté, une conception progressiste de la société c’est la convergence des différentes formes d’actions, l’implication de tous, travailleurs, intellectuels, citoyens… c’est la convergence des forces qui permet toujours d’aboutir à des résultats.

Puissent nos concitoyens, puisse notre jeunesse arpentant cette rue, posant les yeux sur cette fresque percevoir ce que celle-ci résume d’engagement, d’espérance et de sacrifices.

Puissent-ils y recueillir un peu de notre histoire et comprendre combien l’héritage et l’exemple de leurs ainés et des poètes au combat constituent des acquis inestimables qu’il nous faut certes saluer mais surtout pérenniser.

C’est là le meilleur hommage à rendre à Robert Desnos.

 

Didier Le Reste, conseiller PCF/FDG de Paris