Article de Vie locale - Publié le Mardi 11 Juin 2013

Menaces sur la poursuite des activités de la maternité des Bluets

Créée en 1947 dans le 11ème arrondissement à l’initiative des syndicats CGT de la métallurgie de la région parisienne, la maternité des Bluets a été la première maternité à pratiquer dès 1952 l’accouchement sans douleur. Installée aujourd’hui au sein de l’hôpital Pierre Rouquès dans le 12ème, elle est gérée par l’association Ambroise Croizat qui est confrontée à des difficultés financières, conséquence des politiques libérales mises en place depuis de nombreuses années.
  • La maternité des Bluets, une structure innovante, bien connue des couples parisiens, mais menacée aujourd'hui.

Une manifestation de soutien à la maternité des Bluets s'est tenue le 6 juin. Lieu symbolique de l'accouchement sans douleur, celle-ci est aujourd'hui menacée de fermeture. Pourquoi ? Un manque de médecin ? Moins de naissances à Paris ? Un drame sanitaire ? Rien de tout ça... Simplement la conséquence des politiques libérales qui touchent le secteur sanitaire ces dernières années. Une logique comptable qui considère l'hôpital comme une entreprise.

Depuis la loi Bachelot de 2010 et la création de la tarification à l'activité, les actes médicaux rentables et rapides sont favorisés au détriment des hospitalisations longues avec des soins de qualité nécessitant du temps et des personnels. Ainsi, dans certains endroits, le taux de césarienne, acte bien mieux rémunéré qu'un accouchement naturel, atteint 40 %. Les femmes et les bébés sont victimes de cette politique d'augmentation de l'activité et d'incitation aux sorties précoces sans aucun suivi, avec tous les risques que cela comporte.

Berceau de l’accouchement sans douleur, la maternité des Bluets a développé au cours des années une diversité de services : un centre agréé de procréation médicalement assistée, un service de gynécologie chirurgicale, un centre d’orthogénie, un centre de planification familiale et de dépistage des maladies sexuellement transmissibles, ainsi qu’un centre de santé centré sur la femme et l’enfant. Son activité est en augmentation constante : elle a progressé entre 2007 et 2011 de 50% et les actes de procréation médicalement assistée de 70% lors de la même période.

 De la même manière, alors que le taux de naissances a progressé de 5% en France entre 2000 et 2010, 144 maternités sur 679 ont fermé dans le même temps, toujours dans le but de rendre la médecine rentable. Pourtant, Paris est la championne de France du taux de natalité. 30 000 bébés naissent à Paris tous les ans. Le taux de natalité (nombre de naissances pour 1 000 habitants) était en 2010 de 14 pour Paris contre 12,9 pour la France métropolitaine.

C'est une nouvelle une attaque contre la santé des Parisien-ne-s ! Alors que près d'un tiers des Français, et dans des proportions similaires de Parisiens, renoncent à se soigner pour raisons financières, préserver le service public de la santé est primordial ! Où les femmes iront-elles accoucher si la maternité des Bluets est fermée ? Où les femmes iront-elles accoucher si l'ARS (Agence Régionale de Santé) ne revient pas sur son projet de fermer la maternité des Lilas ? Où les Parisiens iront se soigner si l'AP-HP ne revient pas sur son projet de fermer les urgences de l'Hôtel-Dieu ? Où les Parisiens iront se soigner si l'on continue à fermer les centres de santé à Paris ?

Plus que jamais, il est temps de sortir de la vision purement mercantile dans le domaine de la santé ! Pour cela, nous appelons tout le monde à se mobiliser le samedi 15 juin lors de la manifestation « La santé ne se vend pas, elle se défend », à l’appel de la CGT Santé.