Article de Vie locale - Publié le Mardi 8 Mars 2016

Migrants : l'autre état d'urgence

Le gouvernement évacue brutalement le campement de Calais, mais rien n'est réglé. De nouveaux campements se créent près de Calais, mais aussi à Paris, dans le 10ème en particulier. Depuis de nombreuses années, la section PCF du 10ème est mobilisée en faveur des jeunes scolarisés sans papiers, des travailleurs sans papiers, des exilés de l'arrondissement... Il est temps de discuter de ces questions toutes et tous ensemble. Nous recevrons le 10 mars, dans le cadre de nos Rendez-vous du 57, Maryse Trpier, sociologue et responsable de la commission immigration du PCF, pour débattre de ces questions. Venez nous rejoindre à 19 h au 57 rue des Vinaigriers !

 Texte d'nvitation à cette soirée-débat :

Ils viennent d’Afghanistan, d’Irak, de Syrie. Ils sont kurdes, yézidis, chrétiens, musulmans, laïcs. Ce sont des femmes, des hommes, jeunes pour la plupart et fréquemment avec des enfants en bas âge. Ils sont parvenus sur nos côtes après un périple épuisant, dangereux, ils ont traversé la Méditerranée et/ou marché à pied à travers l’Europe, ils ont quitté leur pays, leurs attaches, leurs vies. Ils ont donné tout ou partie de leur salaire, de leurs ressources à des passeurs sans scrupules et se sont résolus, souvent après de nombreux débats intérieurs ou avec leurs proches, à essayer de construire leur vie ailleurs. C’est cela, la réalité humaine, concrète que recouvre ce terme de « migrants » sous lequel on les désigne anonymement. 

Il y a urgence. Urgence à les accueillir. Simplement et dignement. Parce qu’ils sont comme nous. Parce qu’ils ont fui la guerre, les persécutions politiques ou religieuses, l’absence d’espoir, de perspectives, d’un quelconque avenir possible pour eux et leur famille. Comme nous l’aurions fait dans leur situation.

Alors, oui, c’est indécent et insupportable d’entendre les bouches de nos dirigeants gouvernementaux, de nos responsables politiques, administratifs, militaires, des élus de la République, parler de « submersion migratoire », du risque « d’appel d’air » et maintenant que nous sommes en état d’urgence, du danger qu’il y aurait « d’infiltration » de terroristes de Daech parmi ceux qui pour une bonne part tentent justement d’échapper à ceux-là mêmes qui ont ensanglanté Paris le 13 novembre dernier !

C’est indécent et insupportable de voir ces femmes et ces hommes devenir des enjeux pour ne pas dire des armes et des objets de chantage et de marchandages diplomatiques pour des pays comme la Turquie d’Erdogan qui monnaye ainsi auprès de notre chère Europe démocratique qu’elle lui laisse toute latitude pour « régler » à sa façon la question des kurdes et du PKK.

Indécent et insupportable de voir cette même Europe accabler la Grèce de reproches sur le manque d’organisation et de vérification administrative des réfugiés qui s’échouent tous les jours sur ses plages quand depuis plusieurs années elle a mis son économie en coupe réglée. Et quand, sans l’action et la solidarité des grecs, la mer Egée, déjà meurtrière, ne serait devenu rien d’autre qu’un immense cimetière.

Indécent et insupportable, enfin et surtout, de voir ces images de Calais ou de Grande Synthe qui montrent les réfugiés pataugeant dans la boue et des personnels épuisés d’associations françaises ou étrangères, d’ONG ou de Médecins du monde dénoncer le manque d’hygiène, de moyens, de tentes, de toilettes et craindre l’apparition de maladies que l’on croyait disparues depuis longtemps comme le choléra ou la polio. Et cela, ça se passe en France, septième puissance mondiale, en 2016, pour moins de 20.000 personnes, quand des pays comme le Liban ou la Jordanie accueillent dans des camps organisés et équipés : au Liban plus de 4 millions dont  200.000 syriens et en Jordanie, plus de 3 millions de réfugiés dont  1 million de syriens et d’irakiens (relevant du HCR) et 2 millions de palestiniens…  

Venez discuter avec Maryse Tripier et les communistes du 10ème de cet autre état d’urgence, géopolitique, humain et social, qui nous concerne tous.