Article de Vie locale - Publié le Dimanche 19 Octobre 2014

Mobilisation contre la privatisation rampante de la protection sociale

Le budget de la Sécurité sociale arrive en débat à l’Assemblée nationale. Les déclarations qui ont filtré à ce jour et qui ont commencé à susciter de vives réactions indiquent que les orientations retenues se situent dans le cadre d’une réduction sensible des prestations, aggravant encore les politiques d’austérité prises ces dernières années. Pourtant s’il existe bien un déficit de la Sécu de l’ordre de 15,4 milliards d’euros en 2014, le dernier rapport de la cour des comptes estiment à 24 milliards le montant des cotisations non payées par les entreprises et indique que la fraude a doublé depuis 2007. Pourtant le gouvernement persiste à appliquer sa politique d’austérité en réduisant les prestations aux usagers.
  • L’un des principaux mots d’ordre lors de la manifestation parisienne du 16 octobre : revaloriser les salaires et créer des emplois,  conditions indispensables pour éviter un recul des prestations de la Sécu.

  • Les élus communistes du 10e lors de la manifestation du 16 octobre 2014

Le 16 octobre, une grande journée de mobilisation a été organisée dans plusieurs villes pour refuser la poursuite du grignotage de notre protection sociale. Une initiative lancée par la CGT à quelques jours du débat à l’Assemblée nationale sur le budget de la Sécurité sociale.

Avec 3,5 milliards d’euros en moins pour 2015 (10 milliards sur 3 ans), la branche « Maladie » est durement touchée. L’hôpital public est sommé de réduire ses dépenses de 520 millions d’euros. En  outre, la future loi « santé »  obligera les hôpitaux à se regrouper en GHT (Groupement hospitalier de territoire) avant fin 2015, ce qui donnera la possibilité au privé de se déployer là où il veut, sur des activités de son choix, les plus rentables bien sûr. Par ailleurs, les réductions successives du niveau de remboursement des médicaments et les pénuries de moyens dans les hôpitaux publics vont  inciter les plus favorisés à contracter des assurances privées. Ainsi se dessine la perspective d’un modèle « à l’américaine », offrant des droits minimaux pour les plus modestes et des prestations de qualité à ceux qui ont les moyens de payer.

La branche « retraite » est également visée. Une augmentation de la CSG est programmée, s’ajoutant au gel des pensions, à peine compensé par une prime exceptionnelle pour ceux qui touchent moins de 1 200 € par mois.

La branche « chômage » est aussi dans le collimateur. Les chômeurs, considérés comme des profiteurs qui abusent du système, verront leurs indemnités réduites « pour les inciter à retrouver un travail ».

Mais la plus grande surprise concerne la politique familiale avec la remise en cause de l’universalité des droits. Pour économiser 750 millions, le gouvernement divise la prime à la naissance de 923 € par trois à partir du 2ème enfant et réforme le congé parental en raccourcissant sa durée pour les mères.

Bref un vaste programme de réductions des prestations, soit disant pour boucher le « trou » de la sécu. Pourtant notre système de protection sociale ne souffre pas de dépenses excessives, mais de l’aggravation de la crise sociale, de l’augmentation du chômage et, les médias n’en parlent pas, du manque de rentrées fiscales, avec notamment le « Pacte de responsabilité ». Ce dernier va  priver en 2015 la sécu de 6,2 milliards de recettes en raison des exonérations de cotisations patronales.

Alors que le déficit de la sécu pour 2014 est estimé à 15,4 milliards d’euros, le dernier rapport de la Cour des comptes fait état de 24 milliards d’euros non recouvrés auprès des employeurs. Il est précisé que la fraude a doublé depuis 2007 : aux classiques sous-déclarations d’heures de travail, s’ajoutent le recours massif à la sous-traitance, l’utilisation de travailleurs « détachés » ou l’usage détourné des autoentrepreneurs. Le rapport préconise de renforcer la lutte contre la fraude. En effet, seulement 11% des entreprises ont fait l’objet d’un contrôle en 2011. La CGT estime qu’il faudrait embaucher 1 500 inspecteurs supplémentaires pour permettre à l’URSSAF de remplir son rôle. Mais c’est le contraire qui est envisagé, avec la suppression de 750 emplois dans cette branche de la Sécu.

Il est clair qu’une réorientation de la politique gouvernementale est nécessaire, mais cela suppose un large rassemblement des forces syndicales et des citoyens sur cette question essentielle de  la protection sociale.