Article de Vie locale - Publié le Jeudi 21 Novembre 2013

Non à l'expulsion des lycéens sans papiers !

  • Parmi les soutiens à la manifestation du 16 novembre 2013, Place de la République, présence de nombreux élus et militants communistes.

Quelques jours après l'expulsion de Khatchik, ce jeune scolarisé au lycée Camille Jenatzy dans le 18ème reconduit en Arménie le 12 octobre, de nombreux élus parisiens ont signé une tribune commune pour défendre le droit à la scolarisation. Parmi les signataires, figurent  Pierre Laurent et Ian Brossat, mais aussi Anne Hidalgo et Rémi Féraud. Voici le texte intégral de cette  tribune : 

« Samedi 12 octobre 2013, malgré la mobilisation des lycéens, d’organisations de jeunesse, d’élus et de RESF, Khatchik, lycéen de 19 ans est expulsé vers l’Arménie après trois semaines de détention administrative. Il est le premier lycéen parisien expulsé depuis 2006.

Khatchik est scolarisé au lycée Camille JENATZY dans le 18ème arrondissement de Paris. Il a fui l’Arménie en 2011 pour suivre son père menacé pour ses activités politiques. Toute la famille est présente en France. A leur arrivée, ils ont fait une demande d’asile.

Très rapidement Khatchik a construit son projet professionnel ici, comme l’attestent les professeurs de la classe d’accueil du lycée Dorian dans lequel il a été scolarisé lors de son arrivée. Il est devenu majeur et pour lui les choses sont claires : son pays, c’est la France. Il a respecté les règles fixées par sa demande d’asile : aucun contact avec les autorités de son pays.

Contrôlé le 19 septembre avec des amis parce qu’ils sont soupçonnés d’un vol simple, Khatchik est le seul à être inquiété. Pas pour l’éventuel vol, mais parce ce que, comme le reste de sa famille, il est devenu sans papiers suite au refus de sa demande d’asile. Mais il n’a pas pu contester cet état de fait, le jugement ayant été envoyé à leur ancienne adresse.

Khatchik est placé en Centre de Rétention Administrative et son expulsion se prépare. Une première tentative le 10 octobre échoue : une trentaine d’élèves, d’enseignants du lycée Jenatzy, des soutiens RESF, JC et FIDL ayant convaincu des passagers de soutenir le refus d’embarquer de Khatchik.

Le samedi 12, au petit matin, Khatchik est de nouveau extrait de sa cellule, alors qu’il devait passer devant un juge des libertés trois jours plus tard. Malgré cette tentative surprise, la mobilisation s’organise. Un groupe va à l’aéroport et les élus interpellent la Préfecture de Police et le ministère de l’Intérieur. Mais rien n’y fait. L’expulsion a bien lieu cette fois-ci.

Les études Khatchik sont stoppées net, sa vie de famille est brisée et surtout il attend, en prison et avec angoisse, de connaître le sort que lui réserve la justice de ce qui n’est plus son pays. Il ne s’est pas fait recenser pour son service militaire en Arménie et est donc considéré là-bas comme déserteur. Pour cela il risque 3 à 5 ans de prison.

Ce recensement aurait pu être fait par l’intermédiaire de l’ambassade d’Arménie, mais cela aurait signifié enfreindre les règles de l’asile. Il risque donc des années de prison pour avoir respecté les règles !

Nous regrettons profondément l’expulsion de Khatchik du territoire français.  Nous nous adressons au président de la République pour permettre le retour en France de Khatchik, comme cela a été possible pour Suzilène, Taoufik, Mohamed, Ilyes et Najlae, lycéens de toute la France, expulsés puis revenus grâce aux mobilisations entre 2005 et 2011.

D’autres lycéens sont aujourd’hui concernés par cette situation. Nous affirmons tous ensemble que nous mettrons tout en œuvre pour protéger les lycéens sans papiers parisiens. Pour nous, le droit à la scolarité et à la vie en famille n’est pas négociable."

A la suite de cette tribune, 10 000 lycéens sont descendus dans la rue à Paris ! Khatchik n'est pas revenu. Toutefois, des points ont été marqués : le 11 novembre, un jeune lycéen parisien arrêté, car dit « sans papiers » a été libéré au bout de quelques heures. Le gouvernement ne se risque pas aujourd'hui à renvoyer un jeune scolarisé. Mais il refuse toujours la loi.  La lutte continue !