Article de Vie locale - Publié le Mardi 14 Novembre 2017

Le nouveau plan « Climat Air Energie » pour Paris en débat

Après un premier plan « Climat » adopté par en 2007 le Conseil de Paris qui a permis de réduire de 10% l’empreinte carbone dans la capitale, la mairie lance un nouveau plan « Climat Air Energie » encore plus ambitieux. Il a été présenté le 6 novembre au Conseil d’arrondissement du 10ème et fera l’objet d’une consultation citoyenne de décembre à févier avant un vote définitif en mars prochain. Ce plan fixera des objectifs à long terme, à savoir l’année 2050.
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    Une urgence pour Paris : lutter contre les différentes formes de pollution, pour améliorer la qualité de l’air et en finir avec les pics de pollution à répétition.

  • Inauguration de la halle alimentaire du 10ème Octobre 2017 . img_5512.jpg

    Nicolas Bonnet, Président du groupe PCF au Conseil de Paris, et Didier Le Reste, Conseiller de Paris, lors de l’inauguration de la 1ère halle alimentaire qui a ouvert ses portes en octobre dernier rue Bichat dans le 10ème. Favorables au développement des circuits courts, les élus communistes demandent la création d’autres halles dans chacun des quartiers « Politique de la ville ».

Lors du Conseil d’arrondissement du 6 novembre, les élus communistes ont réaffirmé partager l’objectif général de ce plan qui vise à faire en sorte que Paris prenne sa part dans l’effort national pour agir contre le réchauffement climatique, réduire les émissions de gaz à effet de serre, lutter contre les différentes formes de pollution et améliorer la qualité de l’air. Une urgence pour Paris qui connait depuis des années des pics de pollution à répétition. S’ils sont d’accord globalement sur les objectifs proposés, les élus communistes estiment cependant que plusieurs points méritent d’être affinés et que des correctifs doivent être apportés. Ils pensent que la concrétisation de ce plan implique des choix qui dépassent les prérogatives de la municipalité et nécessite des décisions en rupture avec les logiques de marché dominantes actuellement.

Ainsi, l’un des premiers objectifs mis en avant est la réduction de moitié la consommation d’énergie d’ici 2050. Certes des économies peuvent être réalisées grâce à des équipements plus sobres et des comportements plus responsables, mais on voit et on verra émerger des besoins nouveaux en matière de loisirs, d’équipement de la maison et de modes de déplacements à assistance électrique qui accroitront la consommation d’énergie. Les communistes demandent également de prendre en compte les foyers en précarité énergétique qui aujourd’hui ne consomment pas au niveau de leurs besoins.

Les logements et les bureaux représentant 85% de la consommation énergétique à Paris, il est proposé de procéder à la rénovation énergétique d’environ 1 million de logements et de 50 millions de m2 de bureaux.  La ville prévoit d’accélérer le programme de rénovation de son parc social sur la base de 5 000 par an (36 000 ont déjà été rénovés). Par contre concernant la rénovation du parc privé qui représente 80% des logements, les moyens d’intervention de la ville sont limités. La concrétisation de ce défi comporte de grandes incertitudes, car il ne pourra être possible qu’avec des mesures législatives et des aides financières importantes de l’Etat, en particulier pour les ménages moins favorisés. Cela suppose une volonté politique forte de la part des gouvernements et les mesures décidées récemment par l’actuel gouvernement en matière de logement ne vont pas du tout dans cette direction.

Ce nouveau plan prévoit de faire de Paris une ville neutre en carbone en 2050 : un objectif très volontariste quand on sait que 75% de l’empreinte carbone de Paris est d’origine privée (particuliers et entreprises). Dans ce but, il est proposé, en plus de la réduction de la consommation d’énergie, d’utiliser 100% d’énergies renouvelables en 2050. A cette fin, il est envisagé de construire une centrale solaire dans le parc floral de Vincennes et une centrale géothermique à Bercy-Charenton. Il est prévu également deux autres sources d’énergie : la récupération de la chaleur des égouts et la valorisation des déchets. Le plan prévoit aussi d’équiper 20% des toits de panneaux solaires. Dante Bassino, adjoint communiste au logement, souhaite que soit privilégiée l’utilisation de panneaux solaires thermiques qui sont faciles à déployer et utilisés depuis longtemps dans de nombreux pays. En effet la construction de panneaux photovoltaïques nécessite une technologie sophistiquée, coûteuse en énergie et l’utilisation de matériaux rares.  

Autre préoccupation : il est envisagé de créer un opérateur de fourniture coopératif d’énergies renouvelables. Les communistes craignent que la création de ce marché décentralisé de l’énergiene génère de nouvelles inégalités entre les territoires et remette en cause le système de péréquation qui assure un même tarif à tous dans notre pays. Didier Le Reste rappelle que « l’énergie est un bien commun qui doit être géré par la puissance publique dans l’intérêt de tous » et que « les élus communistes soutiennent la création d’un pôle public de l’énergie. Et ce, afin de mettre cette filière à l’abri des logiques financières, avec l’objectif de développer la part des énergies renouvelables et de renforcer les efforts de recherche ».

En matière de transports, les élus communistes partagent l’objectif de réduction de la place de la voiture à Paris, mais rappellent leurs réserves sur les modalités de mise en œuvre de la sortie du diesel en 2024 et de l’essence en 2030. Actuellement les motorisations électriques sont inaccessibles à la très grande majorité des ménages. C’est pourquoi la limitation de l’usage de la voiture doit se faire résolument, mais de façon progressive et non punitive pour être acceptable par tous, en particulier les milieux populaires qui n’ont pas les moyens de se défaire de leur vieux véhicule.

Pour les communistes, la priorité est d’améliorer les transports publics et de lancer sans attendre les travaux de construction de toutes les nouvelles lignes du Grand Paris. Malheureusement des menaces se font jour concernant la réalisation de certaines de ces lignes (la 16, la 17 et un tronçon de la ligne 15) au prétexte de manque de moyens. C’est d’autant plus inacceptable que le projet de CDG Express qui va coûter près de 2 milliards d’euros est maintenu alors qu’il n’apportera aucune amélioration des conditions de transports quotidiens des franciliens.

En matière de transport de marchandises, il est prévu de créer 5 plateformes multimodales à Paris, sur le modèle de celle de « La Chapelle internationale » dans le 18ème. Une avancée positive dont se réjouit Didier Le Reste qui, cependant, « ne comprend pas les freins qui persistent à l’utilisation de certains tronçons de la « Petite Ceinture » ferroviaire à des fins de transports.

Concernant l’alimentation durable, il est proposé de réduire dans les restaurants collectifs la part carnée de 50% d’ici 2030 et de porter en 2050 à 75% la part des aliments issus de denrées agricoles provenant du bassin parisien. Dans ce but, 30% des surfaces agricoles d’Ile de France devraient être consacrées à la culture biologique. Les communistes, favorables au développement des circuits courts, rappellent leur engagement pour la création de halles alimentaires, comme celle qui vient d’ouvrir dans le 10ème et demandent l’ouverture de halles alimentaires dans chacun des 8 arrondissements parisiens en Politique de la ville. Mais ils soulignent que, pour atteindre ces objectifs de développement de la consommation de produits durables, des mesures d’aide à l’installation des agriculteurs qui s’engagent à produire de manière durable devront être prises par les collectivités et par l’Etat.

Au vu des objectifs annoncés dans ce nouveau plan « Climat Air Energie », il est clair que sa concrétisation va nécessiter un déploiement massif de moyens de la part de la ville de Paris, mais aussi de la Région et de l’Etat. On peut craindre qu’en raison des nombreuses inconnues concernant la question du financement ce plan ne soit perçu que comme un vœu pieux ou une opération de communication.

Pour les communistes, qui partagent les objectifs généraux de ce plan, sa concrétisation implique des choix en rupture avec les logiques actuelles du marché qui privilégie la recherche de profit immédiat. Pour y parvenir, une mobilisation citoyenne sera indispensable pour avancer. Ils mettent à nouveau en garde contre le risque que Paris ne devienne une ville totalement gentrifiée où sont concentrés des habitants aux revenus élevés leur permettant d’assumer une rénovation thermique de leur logement, d’avoir une voiture électrique, de se nourrir avec des aliments biologiques. C’est pourquoi les élus communistes exigent que des dispositifs concrets soient élaborés pour que les Parisiens les plus modestes ne se trouvent évincés de Paris.  Compte tenu de ces éléments, les élus communistes du 10ème se sont abstenus sur ce projet de plan et vont faire des propositions d’amélioration de ce plan dont la version finale sera soumise au vote au 1er trimestre 2018.