La réforme des rythmes scolaires est devenue en quelques semaines un boulet pour le gouvernement et les municipalités qui ont décidé de la mettre en place. Une réforme mal préparée et sous-financée qui fédère beaucoup de mécontentements… et offre un boulevard à l’UMP. A tel point que le président de la République a dû organiser le 2 octobre une « réunion de travail » avec le Ministre Vincent Peillon.
Le Ministre a reconnu la nécessité de faire des ajustements et des « efforts » en matière de recrutement d’animateurs, d’encadrement, de formation et sur les locaux, mais il réaffirme sa volonté d’aller jusqu’au bout de sa réforme.
Dans le 10ème, comme ailleurs à Paris, les sujets de mécontentement sont nombreux : manque d’information des parents sur les activités proposées, absences ou retards d’animateurs, défaillances de certaines associations, sécurité des enfants mal assurée, registre des présents non tenus systématiquement à jour, défaillances du contrôle des entrées et sorties des écoles…
En maternelle, se pose en outre le problème de l’entretien et de la propreté des locaux : les heures des agents qui étaient auparavant en charge du nettoyage et qui font maintenant de l’animation ne sont pas complètement compensées. Autre préoccupation, la multiplication des intervenants déstabilise les jeunes élèves de maternelle qui ont besoin de repères stables et bien identifiés. Et le sentiment que les enfants sont déjà fatigués.
Face à cette situation, la ville de Paris a été contrainte de procéder à plusieurs « ajustements » depuis la rentrée : création d’une brigade d’animateurs remplaçants, embauche de 184 agents chargés d’assister les « Responsables Educatifs Ville » en charge de la gestion du temps périscolaire, délivrance d’une « attestation professionnelle » pour les intervenants extérieurs à présenter à l’entrée des écoles, recrutement (non prévu initialement pendant le temps périscolaire) d’« auxiliaires de vie scolaire » pour les élèves handicapés, versement d’une allocation de 1 000 € par école pour l’achat de matériels complémentaires pour les ateliers …
Le maire de Paris vient d’indiquer que le coût de cette réforme représente pour la capitale une dépense de 54 millions d’euros, dont près de la moitié pris en charge par l’Etat. On peut se réjouir d’un tel investissement, mais que peuvent faire les communes moins favorisées qui disposent de moyens limités? Ne risque-t-on pas de renforcer les inégalités entre les territoires au lieu de les combattre ? Plusieurs études internationales démontre que les résultats de notre système éducatif sont marqués par un fort déterminisme social et que l’école, au lieu de résorber les inégalités, les reproduit, voire les renforce.
Ces ajustements décidés dans l’urgence suffiront-ils à faire accepter la réforme ? On peut en douter. En tout cas, il est impératif que les réunions locales de suivi de la mise en place des rythmes éducatifs se tiennent rapidement et qu’une évaluation nationale soit réalisée pour mesurer l’intérêt de cette réforme pour les élèves, avant sa généralisation sur tout le territoire.
A l’occasion de la réunion du Conseil de Paris du lundi 14 octobre à 17 h 30, un nouveau rassemblement est prévu devant l’Hôtel de ville à l’appel des principaux syndicats d’enseignants et de personnels de la ville, initiative à laquelle sont conviés les parents.