Article de Vie locale - Publié le Dimanche 28 Septembre 2014

Nouvel hôpital Lariboisière/Fernand Widal : les engagements pris remis en cause par la direction de l’AP-HP ?

La direction de l’AP-HP met en œuvre depuis plusieurs années sa politique de regroupement de ses hôpitaux, entrainant la disparition de certains d’entre eux, comme celle de l’hôpital Fernand Widal dans le 10e qui a été annoncée à la fin des années 2000. Cette annonce a suscité de vifs débats tant au sein des personnels concernés que des habitants de l’arrondissement, nombreux à fréquenter cet établissement. Les communistes et leurs élus, opposés à ce projet, ont souligné l’intérêt de maintenir toutes les activités de Fernand Widal. Après de longues négociations, la direction de l’AP-HP avait revu sa copie et fini par accepter le transfert de l’ensemble des activités de Fernand Widal dans les locaux libérés de Lariboisière où la construction d’un nouveau bâtiment est prévue. Mais, suite à une réunion qui vient de se tenir, le consensus qui a été trouvé semble être aujourd’hui remis en cause par la direction de l’AP-HP.
  • La direction de l'AP-HP confirme la construction d'un nouveau bâtiment au sein de l'hôpital Lariboisière, mais envisage de vendre une partie des terrains,remetant ainsi en cause l'intégration deux unités de Fernand Widal, à savoir les lits pour personnes âgées dépendantes et les lits de soins de suiteet de rééducation. 

Lors de la réunion du CHSCT (comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail) qui s’est tenue le 25 septembre, une information a été apportée laissant à penser que la direction de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris envisageait d’amputer gravement le projet de restructuration des hôpitaux Lariboisière/Fernand Widal. Après de longues discussions, un consensus avait été trouvé sur ce projet entre la communauté hospitalière, la direction de l’AP-HP, la municipalité du 10e et de Paris, dans la mesure où  l’ensemble des activités de Fernand Widal devait être transféré à Lariboisière dans les locaux libérés grâce à la construction d’un nouveau bâtiment le long du bd de la Chapelle.

Or, il semblerait que l’AP-HP envisage de renoncer au transfert de deux unités essentielles : celle de « soins de longue durée »  pour les personnes âgées et  celle des « soins de suite et de réadaptation ». Pourquoi un tel reniement ? Pour des raisons uniquement financières : l’AP-HP souhaiterait vendre les terrains libérés à Lariboisière et réaliser ainsi une opération juteuse. Une telle remise en cause du projet initial tourne le dos à la priorité de développer l’accueil des personnes âgées dépendantes dans des structures de proximité. La suppression des lits de « soins de suite et de réadaptation » entrainerait le transfert des patients dans d’autres sites éloignés, moins accessibles pour les familles.

C’est une décision inacceptable pour les habitants du 10e auprès desquels des engagements précis avaient été pris par la direction de l’AP-HP, en particulier lors de la réunion publique qui s’était tenue le 5 décembre 2011 à l’école Louis Blanc, en présence du maire du 10e et d’Anne Hidalgo. Les élus communistes ont immédiatement fait part de leur stupéfaction et annoncé leur refus catégorique de cautionner un tel reniement des engagements pris (voir ci-dessous le communiqué du 25 septembre 2014 ).

Nouvel hôpital Lariboisière/Fernand Widal : l'AP-HP va-t-elle abandonner les personnes âgées dépendantes ?

Ces dernières années un consensus s'était créé entre la communauté hospitalière du groupe hospitalier Saint Louis/Lariboisière/Fernand Widal, la direction générale de l'AP-HP, les habitants, la municipalité du 10ème et la Mairie de Paris autour du projet de reconstruction de l'hôpital Lariboisière. Le projet incluait le transfert de l'ensemble des activités de Fernand Widal, tout particulièrement les lits de prise en charge des personnes âgées sur le site de l'actuel hôpital Lariboisière.

Lors d’une réunion publique de présentation du projet aux habitants par le président de la communauté médicale et la directrice générale de l'AP-HP, Anne Hidalgo s'était engagée personnellement sur ce dossier.

Le conseil de quartier en a également débattu et approuvé les grandes lignes.

On apprend incidemment, dans le cadre d’une réunion d'une instance interne de l'AP-HP (le Comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail) que d'importants changements seraient apportés au projet médical, notamment la disparition des lits de Fernand Widal dits de longs séjours et de soins de suite et de réadaptation (SSR).

Un tel revirement est inacceptable !

La prise en charge des personnes âgées dépendantes est un enjeu majeur de santé publique compte tenu de l'allongement de l'espérance de vie. La présentation du projet initial Lariboisière/Fernand Widal prend comme une donnée fondamentale la proximité d'un hôpital qui améliore la qualité de la prise en charge des personnes âgées en perte d'autonomie et génère des économies résultant des moindres transferts de ces personnes très fragiles. Enfin, l'expérience montre que, souvent, l'entrée de ces patients à l'hôpital se fait par le biais des urgences et, faute de lits adaptés en suffisance, bloque les lits de médecine sans permettre une bonne prise en charge de cette population. Chacun sait que la possibilité d'avoir à proximité des lits de soins de suite et de réanimation après des opérations lourdes comme celles pratiquées à Lariboisière est un formidable atout pour les patients, comme pour leurs proches en particulier les conjoints  âgés.

Le maintien des activités gériatriques à Fernand Widal a été la clé de voûte du consensus exceptionnel réalisé autour de cette importante restructuration hospitalière.

Comment expliquer un tel reniement des engagements pris ?

Tout cela est fondé sur le passage du dossier en novembre prochain devant un organisme technique dont la mission prioritaire est budgétaire. L'accord trouvé concernant le site de Fernand Widal n'est pas suffisant pour ces technocrates de la finance. Ils rêvent de la vente des 2/3 du site actuel de l'hôpital Lariboisière et, pour cela, sont prêts à réduire les activités.

Les évolutions qui se font jour dans ce dossier ne sont pas sans lien avec l'annonce, il y a quelques mois,  d’un projet d'hôpital Nord dont tout le monde ignore, à commencer par l'AP-HP, la localisation, avec la fermeture des hôpitaux Bichat et Beaujon, priorité absolue suite à une annonce du Président de la République.

Nous faisons part de notre refus catégorique de la disparition des lits pour les personnes âgées dépendantes et de soins de suite et de réadaptation, qui reviendrait à une trahison des engagements pris en direction du personnel hospitalier comme des habitants.

Nous demandons que la Maire de Paris, Présidente du conseil de surveillance de l'AP-HP, intervienne immédiatement contre une telle modification. Nous exigeons le maintien des activités de SSR et de SLD sur le site de l'ancien Lariboisière et le défendrons aux côtés du personnel et des habitants.

Les élus communistes du 10ème arrondissement
Didier Le Reste, Conseiller de Paris, Conseiller d’arrondissement,
Dante Bassino, Adjoint au Maire d’arrondissement,
Dominique Tourte, Conseillère d'arrondissement