Article de Vie locale - Publié le Vendredi 13 Juillet 2018

Le projet "Gare du Nord 2024" : non à la privatisation de la gare !

  • Lundi 09 juillet 2018, la direction de la SNCF a présenté son projet de "Nouvelle Gare du Nord", à l'horizon 2024. Un projet qui amène à une privatisation de la gare et n'augmente pas réellement les activités ferroviaires de la gare. 

Le projet de « Nouvelle gare du Nord » est engagé sur de mauvais rails de notre point de vue. La présentation en a été faite lundi 9 juillet 2018, au début de l’été, sans que l’ensemble des élus du 10ème en ait été préalablement informé par Guillaume Pépy, Président de la SNCF.

Quel est ce projet ? Il est prévu de tripler sa taille et de multiplier par cinq les services et espaces commerciales tout en augmentant très peu l’espace des activités ferroviaires. Surtout, il est prévu que la SNCF ne garde que 34 % des parts. C’est Auchan, à travers sa filiale Ceetrus qui deviendra à terme l’actionnaire majoritaire de la gare. C’est donc une véritable privatisation de la gare qui est prévisible à terme.

Le Groupe communiste, en l’état actuel des choses, ne peut qu’émettre un avis défavorable sur ce montage financier qui ne vise qu’à privilégier le privé au détriment du bien commun. 

En outre, pour les communistes du 10ème, ce projet à son état actuel pose plusieurs questions :

  • Quid des travaux importants prévus et des nuisances pour les riverains alors que les travaux doivent s’étaler jusqu’en 2024 ?

  • Quid de l’organisation intermodale des transports autour de la gare du Nord ?

  • Quid du financement de ce projet ? L’État se désengage du projet Gare du Nord alors que, dans le même temps, il ouvre les robinets pour financer le CDG express, un train pour les riches qui partira du 10ème arrondissement, à la Gare de l’Est.

  • Quid de la lutte contre l’évasion et l’optimisation fiscale quand l’État cède la première gare d’Europe à Auchan, accusé en 2017 d’évasion fiscale ?

  • Quid aussi de la défense des services publics ? En 2014, la majorité municpale du 10ème, avec les communistes, s’est fait élire en portant l’ambition de rénover le Nord de l’arrondissement. Pour l’instant, cette rénovation se caractérise par deux grands projets : le Nouvel hôpital Lariboisière et la nouvelle Gare du Nord. En réalité, le nouvel hôpital se traduit par le non-transfert des lits de gériatrie de Fernand Widal et la perte de 30 % des lits. Quant à la nouvelle gare du Nord, ce serait donc une vraie privatisation qui serait prévue. Si on ajoute à cela la fermeture de la poste de la Gare du Nord, plus grand bureau de poste de France, fin 2016, c’est donc à un véritable démantèlement des services publics que nous assistons. A chaque fois, que ce soit pour le service public hospitalier, le service public ferroviaire ou le service public postal, les communistes du 10ème se sont mobilisés en lançant des pétitions, en organisant des rassemblements… Alors que les services publics disparaissent, Starbuck et McDonald, situés devant la gare, ne sont eux pas menacés par ces grands projets. La rénovation du Nord du 10ème ne peut pas passer par la mort des services publics et l’impunité pour les groupes pratiquant l’évasion et l’optimisation fiscale.

Pour les communistes du 10ème, il est urgent de travailler à une nouvelle gare du Nord, mais une gare qui respecte ses missions premières : transporter la population. Il est par exemple important de doubler le tunnel entre la Gare du Nord et Châtelet, ce qui facilitera les transports de plusieurs millions d’habitant-e-s chaque jour. Les Franciliens et les habitant-e-s du 10ème ont besoin d’une vraie gare, pas d’un centre commercial géré par Auchan pour être une vitrine de la France en 2024.

Les communistes du 10ème demandent à la SNCF et à l’État de revoir leur projet. Nous ne pouvons pas accepter que pour la première fois en France une gare soit privatisée. Ce serait une première que le gouvernement se ferait fort de récidiver !

Communiqué des conseillers de Paris Nicolas Bonnet-Oulaldj, Président du groupe PCF au Conseil de Paris, et Didier Le Reste, élu du 10ème, ancien secrétaire général de la CGT cheminots :

La présentation du projet d’extension et d’aménagement de la Gare du Nord qui prévoit de tripler sa taille et de multiplier par 5 les services et espaces de commerce tout en augmentant très peu l’espace des activités ferroviaires, n’est rien d’autre que l’antichambre de la privatisation des gares. Le montage juridique retenu prévoit la création d’une société d’économie mixte dans laquelle Ceetrus, la foncière du Groupe Auchan, serait majoritaire alors que la SNCF ne détiendrait qu’un tiers des parts. Nous déplorons ce montage financier opaque qui s’apparente à la privatisation rampante de la gare, espace qui doit appartenir à tous et être dévolu à sa fonction première : la déambulation et la fourniture de services ferroviaires aux usagères et usagers.

Nous nous opposons à ce que les infrastructures ferroviaires deviennent un simple support pour les commerces. Les gares sont des lieux de passage, de rencontre qui doivent permettre la circulation et la multimodalité, l’offre de services liés au transport aux voyageurs et aux voyageuses sans que ceux-ci ne soient sollicités pour consommer toujours davantage. Nous continuons de nous opposer au fait que les grandes enseignes commerciales puissent remodeler Paris et en faire la capitale de l’hyperconsommation.

Le projet de la Gare du Nord a été réalisé sans concertation avec celles et ceux qui y travaillent tous les jours, sans concertation avec l’ensemble des élu.e.s du 10e arrondissement.

Elisabeth Borne, Ministre des transports, avait pourtant affirmé au cours des débats sur la loi « pour un nouveau pacte ferroviaire » que les gares étaient « incessibles » et « inaliénables ». Il semble une nouvelle fois avec l’aménagement de la gare du Nord, que la volonté du Gouvernement, de connivence avec le président de la SNCF, est bien celle de démanteler le service public de transport ferré, au mépris des impératifs sociaux et écologiques. Au moment où les cheminots luttent pour défendre l’intérêt général, on vend le bien commun aux intérêts privés. Cela s’inscrit parfaitement dans la logique d’Emmanuel Macron et d’Édouard Philippe d’un désengagement de l’État au profit du privé.