Article de Vie locale - Publié le Mardi 19 Février 2013

Réforme des rythmes scolaires : 3 réunions de concertation à la mairie du 10ème

  • Lundi 18 février 2013, première réunion de concertation sur la réforme des rythmes éducatifs avec le maire et sa 1ère adjointe,en présence d'une centaine de participants.

 La mairie du 10ème a décidé d’organiser 3 réunions dans l’arrondissement regroupant chacune une dizaine d’écoles. La 1ère s’est tenue hier en présence d’enseignants, d’animateurs du périscolaire et des parents qui ont fait part de leurs craintes, leurs réserves et aussi leur opposition vis-à-vis de cette réforme.

 La concertation arrive tard, après trois manifestations importantes et deux grèves massivement suivies dans les écoles parisiennes. La première raison du mécontentement est la publication du décret modifiant les rythmes scolaires,  alors qu’il avait été massivement rejeté par le Conseil supérieur de l’éducation (seulement 5 voix pour sur 74 votes) et que la loi de « refondation » de l’école n’a pas encore été soumise  aux  parlementaires. Un calendrier inversé !

La logique aurait voulu que la première étape soit de définir, dans le dialogue, le contenu de la « refondation » de l’école, les finalités de l’éducation, les priorités retenues en matière de contenu des enseignements, de formation et de recrutement des enseignants,  de lutte contre l’échec scolaire et les inégalités… Ensuite, parmi les mesures envisagées pour atteindre les objectifs fixés, la révision de l’organisation du temps scolaire pouvait être mise en débat.

 Le décret contesté prévoit l’organisation de la semaine sur 4 journées et demie, ainsi qu’un temps quotidien de ¾ d’heures consacré à des activités périscolaires à charge des collectivités territoriales.

La majorité des enseignants et de nombreux parents savent que la modification du temps scolaire n’est pas la mesure déterminante pour  lutter contre l’échec scolaire et pour  réduire les inégalités.  Dans notre pays, et plus qu’ailleurs dans le monde, les résultats sont marqués par un fort déterminisme social et l’école, au lieu de résorber les inégalités, les reproduit, voire les renforce.

 Cette réforme des rythmes risque d’être un facteur d’aggravation des inégalités en déléguant aux collectivités l’organisation d’un temps périscolaire supplémentaire. Ne disposant pas toutes des mêmes moyens, certaines communes ne pourront que proposer des activités assimilables à de la garderie.  Le dispositif de péréquation, temporaire et insuffisant, envisagé par le Ministre ne palliera pas cette inégalité.

Même à Paris qui est une ville globalement favorisée, les modalités de mise en place de ce temps périscolaire se heurtent à deux difficultés majeures :

- Le manque de locaux pour réaliser ces activités (bâtiments scolaires exigus disposant de peu de  salles autres que les salles de classes, peu d’opportunités pour agrandir le patrimoine existant...).

- L’absence d’une filière de l’animation bien structurée et suffisamment étoffée, garante d’une bonne formation et de la stabilité des personnels (actuellement 6 000 vacataires dans le périscolaire).

Pour contourner ces deux handicaps qui nécessitent des investissements importants et des délais, le maire de Paris propose d’avoir recours au réseau parisien d’équipements culturels, sportifs et associatifs.  Là encore, tous les élèves n’auront pas les mêmes chances : les écoles éloignées de ces équipements ne pourront pas en profiter, ne serait-ce qu’à cause des temps de déplacement.

C’est pourquoi plusieurs organisations syndicales et des groupements de parents demandent l’abrogation pure et simple du décret ; d’autres estiment que les modalités de mise en œuvre de cette réforme nécessitent un report à septembre 2014.

La trop tardive concertation rend le débat difficile. La place grandissante que prennent les collectivités fait craindre  une volonté de « dénationaliser » l’école et suscite des interrogations quant aux réels objectifs de la future loi de « refondation ».

Un débat à  poursuivre à l'occasion des 2 autres réunions prévues à la mairie du 10ème: les 21 et 25 février à 18 h 30