Article de Vie locale - Publié le Samedi 9 Mai 2020

La reprise de l’école : mission impossible et dangereuse ?

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    C’est le 14 mai qu’est fixée la reprise progressive de l’école dans les maternelles et élémentaires. Une rentrée qui ne concernera que 15% des élèves parisiens dans un premier temps. Un ensemble de dispositifs seront mis en place pour assurer la sécurité sanitaire de tous. Des dispositifs contraignants qui interdisent de nombreuses activités pour les élèves et qui rendent difficile le travail des enseignants, mais incontournables danns la mesure où le gouvernement a décidé la reprise de l'école dès maintenant à Paris, ville pourtant située dans une zone rouge. 

     

Après avoir limité l’accueil dans les écoles aux seules familles volontaires, le gouvernement a publié le 3 mai le protocole sanitaire national définissant les modalités de reprise de l’école à la mi-mai. Après examen des consignes contenues dans ce document de 63 pages, 363 maires d’Ile de France, région fortement atteinte par la pandémie, ont cosigné une lettre ouverte au Président de la République. Faute de temps et de moyens, ils estiment que cette rentrée le 11 mai est prématurée et à hauts risques et dénoncent le fait que l’Etat laisse aux collectivités, aux équipes enseignantes et aux familles la charge de s’adapter aux contraintes imposées sans réelle concertation. Ils condamnent cet abandon de la notion d’universalité du service public de l’éducation et ce transfert de responsabilités au niveau local !

Dans ce contexte, la Maire de Paris, en lien avec le Rectorat, vient de dévoiler les modalités de cette reprise de l’école à Paris qui sera progressive. Une pré-rentrée, prévue du 11 au 13 mai, permettra à l’ensemble des personnels de préparer l’accueil des élèves et de mettre en place tous les dispositifs permettant d’assurer la sécurité sanitaire pour tous. La ville assurera un nettoyage régulier des locaux et fournira du gel hydro alcoolique et des masques pour les personnels. Les agents de la ville qui le souhaitent pourront bénéficier d’un dépistage du Covid 19.

Une reprise partielle le 14 mai

Le 14 mai, seront accueillis les enfants dont les familles sont volontaires et prioritairement les enfants de soignants, pompiers, policiers, travailleurs sociaux, professeurs et personnels municipaux et personnels de la RATP et de la SNCF.  Et ce, en priorisant la scolarisation des grandes sections de maternelle et les classes de CP et CM2 tout en limitant les effectifs par classe (10 maxi en maternelle et 15 en élémentaire). Une attention particulière sera accordée aux enfants en situation de handicap et à ceux en risque de décrochage scolaire. Les directeurs et directrices ont la charge de contacter toutes les familles et d’établir, en fonction des possibilités d’accueil de chaque école, la liste des élèves accueillis pendant cette première période. Une mission délicate, mais indispensable.

Au total, ce sont environ 15% des élèves des écoles primaires parisiennes qui pourront être accueillis durant les 2 premières semaines. Un point d’étape sera effectué après 15 jours de fonctionnement et de nouvelles dispositions pourront être prises en fonction de l’évolution sanitaire au niveau de la capitale.

Il reste à définir les modalités du suivi des enfants qui resteront à la maison, un travail qui, on a pu le constater, nécessite un investissement fort des enseignants en disponibilité et en temps. Il ne devrait pouvoir être assuré que par les enseignants n’ayant pas la charge d’un groupe d’élèves présent dans l’école. Un mode d’organisation qui nécessitera un travail d’équipe entre tous les enseignants.

Non à une « garderie nationale »

Dans une récente tribune intitulée « Rouvrir les écoles le 11 mai, la mission impossible dont on nous charge », des élus communistes parisiens et des représentants d’enseignants et de parents ont fait part de leurs réserves quant à cette reprise de l’école dans une zone de forte circulation du virus. Ils estiment que cette rentrée, voulue par le gouvernement pour favoriser la reprise à tout prix des activités économiques, fait courir à l’ensemble de la population des risques de relance de la contamination.

Ils refusent que l’Education nationale se transforme en une simple « garderie nationale » permettant de remettre au travail les salariés qui n’ont pas d’autres choix. Ils demandent l’annulation de toutes les fermetures de classes prévues à la rentrée de septembre afin d’être en mesure de lutter contre le décrochage scolaire et assurer la réussite de tous.

Mais aujourd’hui, alors que le gouvernement a réaffirmé sa décision de reprise de l’école même à Paris, nous espérons que les dispositifs de sécurité sanitaire proposés par la ville et la limitation du nombre d’enfants par classe soient en mesure de permettre de franchir cette étape dans les meilleures conditions. Nous savons aussi que nous pouvons compter de nouveau sur l‘engagement total des personnels de l’Education nationale et de la ville pour assurer aux élèves le meilleur accueil dans ce contexte exceptionnel.