Article de Vie locale - Publié le Vendredi 17 Octobre 2014

Transition énergétique : un projet qui ne nous convient pas !

Le débat sur la transition énergétique vient de se poursuivre à l’Assemblée nationale. La ministre Ségolène Royal, sous la pression des écologistes, propose un soutien massif aux énergies renouvelables aux seuls frais des usagers et fragilise la filière nucléaire, pourtant non émettrice de gaz à effet de serre et, ce, malgré le contre-exemple allemand qui s’est engagé dans cette voie depuis plusieurs années. Les communistes estiment que l’objectif recherché est de remettre en cause notre service national de production et de distribution de l’électricité en le régionalisant, avec pour conséquence l’abandon de la péréquation qui permet d’assurer le même tarif d’électricité sur l’ensemble du territoire. La mise en vente au privé des barrages hydroélectriques illustre cette orientation qui va au-devant des intérêts privés et des marchés financiers. Pour ces raisons, les députés communistes regrettent de ne pas avoir été entendus et ont décidé de ne pas voter pour ce projet de loi contraire à l’intérêt général et à la justice sociale.
  • En Allemagne, l’abandon du nucléaire et la priorité donnée aux énergies renouvelables (mais intermittentes) a eu pour conséquence un développement du recours au charbon ou au lignite pour répondre aux besoins d’électricité. Conséquence : l’Allemagne émet le double de CO² par habitant  que la France. Un choix en contradiction avec les recommandations du GIEC préconisant une réduction impérative des gaz à effet de serre.

Le projet de loi sur la transition énergétique vient d’être adopté en première lecture à l’Assemblée nationale. Les communistes ont, à maintes reprises, fait part de leurs désaccords sur l’orientation retenue. La priorité n’est pas donnée à l’impérative nécessité de réduire les gaz à effet de serre produits par les énergies fossiles. Quasiment aucune proposition dans le secteur des transports (qui utilisent 44 % de ces énergies fossiles) et des moyens totalement insuffisants pour améliorer les performances énergétiques des logements. Par ailleurs, ce projet de loi se base sur un postulat que les communistes ne partagent pas, à savoir la réduction par deux de notre consommation énergétique d’ici 2050. Une perspective qui, même si des écomies d'énergie sont possibles, ne prend pas en compte l’augmentation de la population française (70 millions en 2050) et n’intègre pas une indispensable ré-industrialisation de notre pays, basée sur de nouveaux modes de conception des produits visant à en finir avec l’obsolescence programmée et fabriqués dans des centres de production relocalisés. Voir ci-dessous le communiqué du PCF publié avant le vote du projet de loi.

 

Communiqué du Parti communiste français

« Les députés communistes ne voteront pas la loi de transition énergétique pour la croissance verte débattue depuis le 6 octobre à l’Assemblée nationale. Cette loi comporte des objectifs que nous ne partageons pas et pour certains incohérents entre eux.

Si nous partageons le développement des énergies renouvelables, cela doit se faire dans un cadre maîtrisé au sein d’une filière professionnelle. Il n’est plus possible de faire supporter le surcoût exorbitant aux Français via leur facture. Rien que pour les deux projets d’éolien offshore, c’est 35 milliards d’€.

 La réduction de la part du nucléaire de 75 % à 50 % à l’horizon 2025 est édictée comme un dogme. Et est contradictoire avec l’objectif de réduire nos émissions de CO2. Notre production d’électricité est décarbonnée à plus de 85 %, ce n’est donc pas dans ce secteur que nos efforts doivent se concentrer mais dans le secteur du transport, qui est le premier contributeur de nos émissions de CO2 et le gouvernement n’y prête guère attention. C’est le grand oublié de la loi !

 Quant à la réduction par deux de notre consommation d’ici 2050, cela occulte complètement la nécessaire ré-industrialisation de notre pays. Cette perspective est complètement incohérente avec l’évolution démographique de notre pays dont les prévisions s’acheminent vers 70 millions d’habitants en 2050.

 Faire le choix de la mise en concurrence des barrages, c’est le choix de la destruction de la cohérence du potentiel national au seul profit des appétits des grands groupes privés, le choix de la mise en cause de la stabilité de la fourniture d’électricité, le choix de la hausse des prix pour les ménages et les entreprises. Cela fera peser des risques inconsidérés pour les fonctions sociales et écologiques des barrages, notamment en matière de gestion de l’eau.

 Quant à la lutte contre la précarité énergétique, nous avons réussi à inscrire la reconnaissance d’un droit à l’énergie et nous pouvons nous en féliciter. Par contre, la mise en place du chèque énergie avec la disparition des actuels tarifs sociaux pour l’électricité et le gaz risque de laisser beaucoup de familles sur le carreau. Nous ne savons toujours pas à quelle hauteur il sera financé, ni quelles seront les conditions de son obtention et de son extension au bois et au fuel.

 Si la rénovation énergétique dans les logements fait consensus, le financement reste flou. Et la politique du gouvernement de réduction budgétaire ne nous rassure pas ! Il aurait fallu, pour être en mesure de dégager demain les financements, d’évaluer les montants des investissements. Le Parti communiste français continuera, lors du passage de la loi au Sénat, à tenter d’apporter les améliorations nécessaires ».

 

                                                                                                        Paris, 14 octobre 2014