Article de Vie locale - Publié le Lundi 29 Septembre 2014

Les travailleurs du salon de coiffure du 57 bd de Strasbourg demandent la protection de l’Etat

Après la grève victorieuse des 7 travailleurs du 50, bd de Strasbourg qui ont obtenu leur régularisation au bout de 3 mois d’occupation de leur salon de coiffure/onglerie, ce sont ceux du 57 qui se sont mis en grève en juin dernier. Suite à une occupation de 15 jours, ils ont obtenu le règlement des arriérés de salaires, des contrats de travail et des fiches de paie rétroactives et l’envoi à la Préfecture de formulaires de régularisation. Mais le patron a organisé la faillite et déposé en juillet dernier le bilan, sans en informer les salariés. Les salariés ont alors décidé d’occuper à nouveau le salon et ont porté plainte, ainsi que la CGT, notamment pour «traite des êtres humains » et « escroquerie et banqueroute ». Depuis la tension monte dans le quartier. Des menaces de mort ont été proférées à l’encontre de 2 militantes de la CGT et d’un militant communiste du 10e. Les salariés sont l’objet d’intimidations et de menaces quotidiennes. D'où l’organisation d’initiatives visant à interpeller les médias et les pouvoirs publics pour assurer leur protection.
  • Lors du rassemblement du 26 septembre, Didier Le Reste réaffirme le soutien des communistes aux travailleurs du 57 et détaille les demandes adressées à la Maire de Paris pour garantir la protection des travailleurs et enrayer le travail dissimulé dans le quartier.

A l’appel de la CGT, un nouveau rassemblement s’est tenu le 26 septembre pour soutenir les 15 hommes et femmes du salon du 57 qui ont eu le courage d’occuper leur lieu de travail et de dénoncer leurs conditions d’exploitation. Des représentants de plusieurs organisations syndicales  et politiques, le collectif des cinéastes pour les sans-papiers et RESF étaient présents,  ainsi que des élus, dont Pierre Laurent, secrétaire national du PCF et sénateur de Paris.

Il a été rappelé que la priorité est de garantir la protection de ces travailleurs qui sont en situation de grande vulnérabilité du fait de défaut de papiers. Ils ont dénoncé les pratiques de leur patron et le système "de type mafieux" qui perdure dans le secteur du Château d’Eau. Ne pas les régulariser maintenant, ce serait les replonger dans le système cotre lequel ils ont eu le courage de se lever.

Didier Le Reste, conseiller communiste de Paris, a indiqué qu’il avait écrit  à la Maire de Paris pour lui demander de mettre en place un plan d’action ayant pour but de coordonner l’action publique autour du secteur de Château d’Eau afin d'enrayer le phénomène du travail dissimulé. Il a également proposé qu’une délégation d’élus parisiens rencontre le ministre de l’Intérieur pour exiger une protection immédiate des travailleurs et que la Maire de Paris alerte le Procureur de la République sur l’importance à traiter l’intégralité de la plainte déposée par les salariés et la CGT. Bref un ensemble de propositions qui seront discutées lors de la séance du Conseil de Paris des 29 et 30 septembre 2014.

Par ailleurs, les communistes du 10e organisent une soirée de solidarité dans leur local du 57 rue des Vinaigriers le mardi 7 octobre à 18 H. Ces travailleurs, exemplaires par leur courage, ont besoin d’ un large soutien.

Courrier adressé le  25 septembre 2014 à Anne Hidalgo

Madame La Maire,

Lors de la prochaine séance du Conseil de Paris, les Conseillers seront saisis du vœu adopté en Mairie du 10ème arrondissement, le 15 septembre 2014, relatif à la mobilisation des travailleurs du salon de coiffure et de manucure du 57 boulevard de Strasbourg.

Par ce vœu, la majorité municipale du 10ème arrondissement sollicite le soutien du Conseil de Paris aux travailleurs du 57 boulevard de Strasbourg et à leurs revendications pour le respect des droits fondamentaux des personnes.

Ces femmes et hommes en grève depuis plusieurs mois dénoncent des conditions de travail d’un autre temps : journées allant de 9h à 23h, rémunération insuffisante (200 à 400 euros par mois) ou inexistante, conditions d’hygiène et de sécurité déplorables… 

Depuis le début de leur lutte, les élus de la majorité du 10ème arrondissement sont aux côtés de ces travailleurs. Aujourd’hui les autorités publiques doivent accélérer leurs interventions si nous voulons une sortie par le haut de ce mouvement pour le plus grand bénéfice de tous les Parisiens.

L’urgence est à la protection de ces 15 femmes et hommes qui ont le courage de dénoncer leur exploitation alors qu’ils sont en situation de grande vulnérabilité du fait de défaut de papiers. L’obtention d'un titre de séjour, qui est possible dans le cadre de l'article L316-1 du CESEDA, n’a que trop tardé. La ville de Paris doit peser de tout son poids pour demander à la Préfecture de protéger ces 15 femmes et hommes.

Quel signal terrible d’impunité serait envoyé dans ce quartier si celles et ceux qui défient un système qu’ils qualifient de « mafieux » n’étaient pas protégés par les pouvoirs publics? Quel serait leur avenir ?

Vraisemblablement plus de 1 500 femmes travaillent dans des conditions similaires dans le quartier du Château d’eau. La ville peut et doit agir pour protéger l’ensemble des travailleurs exploités et créer les conditions du respect des lois de la république. C’est pourquoi nous vous proposons aujourd’hui de mettre en place un plan d’action de la ville de Paris pour coordonner l’action publique autour de la zone de château d’eau et permettre d’enrayer le phénomène de travail dissimulé. 

 Les premières étapes de cette stratégie que nous devons élaborer ensemble pourraient être :

  •  l’organisation d’une délégation d’élus parisiens, menés par la Maire de Paris, auprès du Ministère de l’intérieur pour exiger la protection immédiate des travailleur-se-s du 57 boulevard de Strasbourg par leur régularisation ;
  •  que la Maire de Paris puisse alerter le Procureur de la République sur l’importance à traiter l’intégralité de la plainte déposée par les travailleurs et la CGT pour "traite des êtres humains".
  •  que monsieur le Préfet réunisse le Conseil parisien de prévention de la délinquance, d’aide aux victimes et de lutte contre la drogue, les dérives sectaires et les violences faites aux femmes dans une configuration propre à aborder les problématiques rencontrées par les Parisiens aux alentours du carrefour Château d'Eau, notamment, l'inspection du travail, les services fiscaux, les services de l'URSAFF, les services douaniers, les différents services de police, mais aussi le parquet de Paris, les services municipaux, la municipalité de Paris et du 10e 
  • que la Maire de Paris mette en place une conférence contre l’exploitation et le travail dissimulé, qui examinera les possibilités de reconversion des travailleurs concernés, ou l’organisation de leurs activités en coopératives ; 
  • le rachat de salons de coiffures et de manucure par la ville de Paris afin de permettre une meilleure diversité commerciale sur la zone de Château d’eau, tel que cela est fait en ce moment pour le salon de coiffure situé au 50 boulevard de Strasbourg.

 Persuadés que cette demande retiendra toute votre attention, nous vous prions de croire, Madame la Maire, en l’expression de notre profonde considération,

Didier Le Reste, Conseiller de Paris, Elu du 10ème arrondissement

Nicolas Bonnet, Conseiller de Paris, Président du groupe communiste-Front de gauche