Article de Vie locale - Publié le Vendredi 24 Octobre 2014

Un film pour les 18 grévistes du 57, boulevard de Strasbourg !

Suite à la victoire des 7 salariés du 50 bd de Strasbourg, ce sont les 18 salariés du 57 qui se sont mis en grève le 22 mai dernier. Au bout de 2 semaines d’occupation de leur salon de coiffure/onglerie, ils ont obtenu des contrats de travail et des formulaires de régularisation qui ont été transmis à la Préfecture de police. Mais le 8 juillet dernier, leur employeur a subrepticement procédé à un dépôt de bilan, les obligeant à occuper de nouveau le salon et à déposer une plainte pour « traite d’êtres humains, travail dissimulé et faillite frauduleuse ». La CGT les accompagne dans toutes leurs démarches el ils bénéficient du soutien de militants politiques et tout particulièrement des communistes et de leurs élus. Depuis le 8 septembre, le Collectif des cinéastes pour les « sans-papiers » les a pris sous sa protection et a alerté les ministères de l’Intérieur, du Travail et de la justice pour qu’ils obtiennent des titres de séjour, comme la loi le prévoit en cas de dépôt de plainte pour traite d’êtres humains. Sans aucune réponse des ministères, le Collectif des cinéastes a réalisé un film qui a été présenté le 22 octobre au Louxor, avant d’être diffusé dans des salles de cinéma.
  • Le 22 octobre, le film réalisé par le Collectif des cinéastes « Les 18 du 57, bd de Strasbourg » a été projeté au Louxor. Au cours des échanges entre les grévistes et leurs soutiens, a été rappelée l’exigence que l’Etat accorde, comme la loi le prévoit, des titres de séjours aux salariés qui ont eu le courage de dénoncer leurs conditions d’exploitation, afin que leur protection soit assurée.

La bataille des 18 grévistes se poursuit avec de nouvelles initiatives ! Déjà 4 mois de lutte, une plainte déposée par chacun des grévistes  et la CGT, des lettres écrites au Premier Ministre et aux Ministres de l’Intérieur,  de la Justice et du Travail, de multiples pressions subies par les travailleurs, des menaces de mort à l’encontre de militants… et toujours aucune réponse positive de la Préfecture de police de Paris et du gouvernement.

Face à cela, le « Collectif des cinéastes pour les sans-papiers » regroupant plus de 100 cinéastes a décidé de réagir en réalisant une vidéo de 3 minutes 30 relatant les raisons pour lesquelles ils se sont mis en grève. Cette vidéo est diffusée dans une centaine de salles de cinéma en France. Parmi les cinéastes signataires de cette vidéo, figurent, entre autres, Christophe Ruggia, Pascale Ferran ou encore Josiane Balasko.

Dans ce film, les 18 grévistes reviennent sur les raisons de leur présence en France : « tu quittes ton pays, car tu es homosexuelle et que l’on veut te tuer pour cela » ou « parce que tu n’as pas la bonne religion et que l’on veut te tuer pour cela ». Sont ensuite évoquées  les raisons pour lesquelles ils ont travaillé bd de Strasbourg : « je voulais faire un travail honnête, je ne voulais pas vendre de la drogue, je ne voulais pas me prostituer ». Après avoir parlé de leurs conditions de travail, ils finissent en rappelant que si « leur voix s’éteint », ce serait une victoire pour « les patrons mafieux ». L’une des grévistes conclut « nous ne voulons pas disparaitre ! ».

Ce film a été présenté le 22 octobre au cinéma Le Louxor dans le 10e. Le lendemain, les grévistes étaient convoqués au tribunal de grande instance de Paris qui devait statuer sur l’expulsion (ou pas) du salon. La décision a été reportée au 6 novembre prochain.

Il est maintenant urgent que l’Etat prenne ses responsabilités et choisisse son camp : celui des travailleurs qui osent se dresser contre un système et sortir du travail dissimulé ou celui du gérant qui le soir de la liquidation judiciaire a dit : « ça n’a jamais marché comme ça à Château d’Eau ! Faire des contrats de travail, payer les travailleurs, ça ne marche pas et ça ne marchera jamais » ?