Article de Vie locale - Publié le Dimanche 19 Juillet 2015

La vente d'une partie de Lariboisière annoncée en catimini !

Dans le cadre de sa politique de restructuration de ses 37 hôpitaux en quelques groupements hospitaliers de territoire, la direction de l’AP-HP a décidé de fermer l’hôpital Fernand Widal. Mais en raison de la mobilisation de la communauté hospitalière et des habitants, un consensus avait été trouvé, garantissant le transfert de toutes les activités de Fernand Widal dans le nouveau Lariboisière agrandi par la construction d’un nouveau bâtiment. Consensus qui avait été présenté par la direction de l’AP-HP lors d’une réunion publique à l’école Louis Blanc le 5 décembre 2011, en présence du maire du 10e et d’Anne Hidalgo. L’arrivée de Martin Hirsch en 2014 a remis en cause les engagements pris : les 150 lits de gériatrie ne seraient plus accueillis à Lariboisière, mais transférés à Bichat ou en banlieue et une partie des terrains de Lariboisière seraient vendus pour financer le nouveau bâtiment. Un renoncement, inacceptable pour les communistes, qui a suscité la création d’un collectif qui a organisé une campagne de pétitions et des rassemblements. Profitant des congés d’été, la Ministre de la Santé et la direction de l’AP-HP tentent de faire avancer leur projet de réduction de l’offre de soins et de bradage du patrimoine public.
  • Lors du rassemblement du 11 mars dernier devant l’hôpital Lariboisière, intervention de la responsable de la CGT appelant à refuser le projet de réduction de l’offre de soins de la direction de l’AP-HP et le bradage des terrains publics,  en présence des élus communistes du 10e.

     

Profitant de la période des congés d’été, la ministre de la Santé a validé le projet contesté du « nouveau Lariboisière », soutenu par le nouveau directeur de l’AP-HP,  Martin Hirsch. Si la validation de la construction d’un nouveau bâtiment est une bonne chose, le projet n’intègre pas l’accueil des 150 lits de gériatrie et prévoit la vente de terrains de Lariboisière pour réaliser une opération financière. Un bradage du patrimoine public scandaleux  et une décision contraire aux engagements pris en 2011 tant par la direction de l’AP-HP que par Anne Hidalgo et Rémi Féraud, maire du 10e. Ce renoncement a suscité une vive réaction des élus communistes du 10e qui refusent  pour le  « nouveau Lariboisière »  un projet amputé et incohérent.

Déclaration des élus communistes du 10e

Une fois de plus par manque de courage politique, la période des congés d’été est utilisée pour annoncer des coups tordus ou des mesures impopulaires.

Au détour d'un communiqué de l'Assistance Publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) du 17 juillet, est annoncée  "une évolution  immobilière permettant la libération des espaces de soins situés à l’ouest qui auront vocation à s’ouvrir sur le quartier".

En clair, toute la partie ouest de l'hôpital Lariboisière serait vendue au plus offrant. A cet endroit, sont localisés aujourd'hui  la maternité (un bâtiment récent),  une crèche pour les personnels... Dans le 18e,  l'AP-HP juge nécessaire de se séparer de Bichat du fait de sa vétusté ; dans le 10e, elle vend le bâtiment le plus neuf!

Avec de tels arguments, l'AP-HP cache (mal) les vraies raisons de cette vente : diminuer la surface de soins et le nombre de lits, pour réduire le nombre de personnels et donc les coûts. Pour les communistes, l'accès à la santé ne saurait être réduit à un simple coût. C'est une nécessité pour que chacun puisse vivre dignement et en bonne santé.

Soyons également clairs quant aux "économies" réalisées ici. Car il ne s'agit pas de créer un système viable économiquement à long terme. Bien au contraire. En effet, conséquence de cette vente, les services de gériatrie de Fernand Widal, qui avaient vocation à intégrer Lariboisière, n'y seraient plus transférés faute de place contrairement aux engagements pris par l’AP-HP et  les mairies de Paris et du 10ème.

Les lits de gériatrie seraient basés à Claude Bernard et les patients continueraient à être traités à Lariboisière. Résultat : des allers-retours incessants en ambulance entre les 2 sites. Un calvaire pour les patients et un gouffre financier pour la sécurité sociale. Les "économies" ainsi réalisées par l'AP-HP sur les transferts seront une dépense supplémentaire pour la sécurité sociale et in fine pour les contribuables.

Au moment où l'espérance de vie en mauvaise santé augmente, c'est une santé à deux vitesses qui s'annonce pour les personnes âgées : les riches pourront aller dans des maisons spécialisées quand les plus pauvres n'auront plus accès à une offre publique de soins de qualité. Un choix de société que l'on ne peut pas accepter.

Ce projet de vente est à courte de vue et à rebours d'une réflexion métropolitaine.  Alors que la proximité de la Gare du Nord est un atout pour l'accès de cet hôpital à tous les Franciliens, le vendre est un non-sens.

A qui ces sites pourraient être vendus, et pour y faire quoi ? L'AP-HP ne donne aucune information. Les offres sont sans doute encore ouvertes. KFC ou MC Donald n'ont plus qu'à faire des propositions...

Le PCF, avec le comité de défense de l'hôpital Lariboisière (dans lequel des habitants, la CGT et le Parti de Gauche sont impliqués) se mobilise depuis septembre 2014 contre ce projet. Plus de 1 000 pétitions ont été signées, des vœux ont été votés en conseil d'arrondissement grâce aux élus communistes du 10e, deux rassemblements ont été organisés devant l'hôpital réunissant de nombreux habitants. Les habitants du 10e  n'en veulent pas, comme ils l'ont d'ailleurs exprimé lors de l'enquête publique pour le plan local d'urbanisme en juin 2015. Ne pas les écouter serait une faute de la part de la Mairie.

Didier Le Reste, Dante Bassino et Dominique Tourte

Paris le 18 juillet 2015