Article de Billet d'actu - Publié le Lundi 14 Novembre 2016

De quoi Trump est-il le nom ?

 L’élection de Donald Trump à la tête des Etats Unis est plus qu’un coup de semonce, c’est un coup de tonnerre. Mais au-delà de la surprise pour les sondeurs, les médias et l’establishment tellement assurés du triomphe programmé d’Hillary Clinton, au-delà même du personnage populiste vulgaire et xénophobe, cette victoire d’un milliardaire businessman et vedette de la téléréalité nous dit un certain nombre de choses sur l’état d’esprit des peuples et sur l’état politique du moment.

On a parlé d’un vote de colère. Oui, mais cette colère a été détournée de ses véritables enjeux : la paupérisation grandissante et la dégradation accélérée des conditions de vie et de travail de couches toujours plus larges de la population au profit de quelques privilégiés (dont Trump lui-même…). Le vote Trump est avant tout un vote social et socio-économique, un cri de révolte et de désespoir contre les inégalités.

On a évoqué un vote anti-système, anti-élites, anti-immigrés, anti-politicien. Mais cela, ce sont les symptômes de la maladie, ce n’en est pas la cause. Le repli sur soi, la haine et la peur de l’autre, la défiance et le rejet en bloc de la politique, la croyance en un homme providentiel qui, grâce à ses seuls dollars, « redonnerait sa grandeur à l’Amérique » ne sont que des réactions de défense, les marques de fragilité d’un corps social fracturé, d’une solidarité atomisée, d’un destin individuel et collectif  broyés par le capitalisme financier et l’austérité. C’est ce corps-là qu’il nous faut soigner, aux USA comme en Europe. Ce corps-là auquel nous devons redonner espoir, sens, dignité et perspectives.