Article de Journal à Paris 10 - Publié le Mercredi 20 Octobre 2010 - Numéro de Novembre - Décembre 2010

Habiter à Paris : un luxe réservé à des privilégiés ?

  • Au 27 rue Château d'Eau, réalisation dde 86 logements sociaux pour 2012. L'équipe municipale s'est engagée à en livrer 2 000 pendant la mandature 2008/2012.

Ces dernières années, l’augmentation continue des loyers et du prix du foncier a contribué à évincer  les familles à revenus modestes ou moyens de Paris. De nouveau en 2010, malgré la crise, le foncier devrait augmenter de 10% dans la capitale. Le 10e n’échappe pas à la règle : 6 000 € le m² dans un immeuble dégradé de la rue Jean Moinon, 8 000 € et plus du m² au bord du canal ou dans le neuf !

Le logement social est menacé : le gouvernement réduit les budgets d’aide à la construction de logements sociaux et demande aux organismes HLM d’inciter leurs locataires à acquérir leur appartement, au risque de les mettre dans une situation de surendettement. Et ce, alors que ces pratiques ont systématiquement conduit à placer les copropriétés en situation de faillite, devenues incapables de financer les travaux nécessaires et d’assurer des conditions dignes d’habitat.  .

Preuve concrète de ce désengagement, le récent rapport de la Chambre Régionale des Comptes indique que la part de la Ville de Paris dans les engagements financiers pour le logement social est supérieure à la part de l’Etat : 60 % pour la Ville contre 40% pour l’État. Et pour 2011, l’Etat prévoit une baisse de  près de 20% de son apport.

Cette question vitale du logement a été au cœur des débats des réunions de novembre des Conseils d’arrondissements et de Paris, à l’occasion de la présentation du nouveau projet de Programme Local de l’Habitat. Ian Brossat, président du groupe communiste de Paris, qui était intervenu, à maintes reprises, pour augmenter le rythme de construction de logements sociaux se félicite que le seuil de 20 % de logements sociaux, fixé par la loi Gayssot,  soit en mesure d’être atteint dès 2014. Considérant que ce chiffre de 20% n’est pas un plafond, mais un seuil minimum, il a  proposé de maintenir ce rythme de construction (plus de 6 000 par an) pour la période 2011/2016.

De plus, il a demandé que la ville s’inscrive dans  les objectifs du Schéma Directeur de la Région Ile de France, adopté par le Conseil Régional, prévoyant de se rapprocher du seuil de 30% de logements sociaux en 2030.

 Il  a demandé également  d’augmenter les moyens du « compte foncier » de la ville consacré à l’acquisition de terrains et d’immeubles (possible en raison de la forte augmentation des recettes liées aux droits de mutation), afin de saisir toutes les opportunités de  préemptions, en particulier dans les arrondissements du Centre et de l’Ouest parisien, presque totalement dépourvus de logements sociaux.

Pour  notre arrondissement,  les élus communistes, Marie-Thérèse Eychart et Alain Lhostis, ont demandé que les préemptions soient plus systématiques, notamment en cas de ventes à la découpe et dans le cadre de la résorption de l'habitat insalubre, tout particulièrement celui des vieux hôtels meublés, nombreux dans notre arrondissement.

 Ils ont soutenu le vœu demandant au maire de Paris d’interpeller le gouvernement pour un meilleur contrôle  du niveau des loyers et de leur évolution, tout particulièrement ceux du secteur privé (+ 42%en 10 ans). Ils ont également déposé un vœu demandant la suppression des surloyers dits de « solidarité » dans les quartiers des Portes, Grange aux Belles et Buisson Saint Louis/Sainte Marthe. Ce vœu a été adopté.

Encadré :

Les surloyers de « solidarité » : une menace pour la diversité

La loi Boutin, votée en février 2009, institue les surloyers dits de « solidarité ». Cette mesure vise à faire partir les foyers à revenu moyen, menaçant une certaine diversité pourtant si unanimement revendiquée, pour éviter la constitution de ghettos. Ces majorations de loyers sont significatives, comme le montre le cas d’un locataire du 10e habitant dans un petit immeuble de logements sociaux du 10e, géré par Paris Habitat :

-Montant du surloyer appliqué depuis janvier 2010 pour un appartement de 68 m² : 650 €

A noter que la ville de Paris a décidé, pour atténuer ces fortes majorations, de prendre provisoirement à sa charge une partie de ces surloyers (environ 1/3 des surloyers).