Article de Journal à Paris 10 - Publié le Jeudi 28 Février 2013 - Numéro de Mars - Avril 2013

Réformer d'abord les rythmes scolaires : est-ce la priorité des priorités?

  • Nouvelle manifestation le 2 février 2013 devant l'hôtel de ville contre le projet de réforme des rythmes scolaires.

 Alors que la loi de « refondation » de l’école n’a pas encore été présentée  aux  parlementaires, le gouvernement a décidé précipitamment de publier le 24 janvier un décret modifiant les rythmes scolaires. Un décret qui avait été pourtant massivement rejeté le 5 janvier par le Conseil supérieur de l’éducation (seulement 5 voix favorables sur 74 votes). Cette décision a suscité un fort  mécontentement de la très grande majorité des enseignants et de nombreux parents.

Et ce, d’autant que le projet de loi de « refondation de l’école », même s’il affiche quelques avancées, manque d’ambition pour faire reculer l’échec scolaire et favoriser la réussite de tous. Il ne rompt pas avec les logiques des gouvernements précédents. Par exemple, il maintient le « socle commun » de connaissances qui condamne  à un enseignement au rabais les élèves en difficultés. Pour ces derniers, le rétablissement des réseaux d’aide (RASED) n’est pas fortement réaffirmé. Le projet ne prévoit pas la mise en place d’un véritable pré-recrutement des enseignants, indispensable pour faire face à la crise de recrutement des métiers de l’éducation.  Alors que le service public national est la garantie de l’égalité de tous, le gouvernement envisage, dans le cadre de l’Acte 3 de la décentralisation, de nouveaux transferts de compétences.

Ainsi, le décret  contesté,quiprévoit l’organisation de la semaine sur 4 journées et demie, envisage de confier aux collectivités territoriales un temps quotidien de ¾ d’heure consacré à des activités périscolaires. Ce temps sera un facteur d’accroissement des inégalités. En effet, ne disposant pas toutes des mêmes moyens, certaines communes ne pourront que proposer des activités assimilables à de la garderie.  Le dispositif de péréquation financière, temporaire et insuffisant,  envisagé par le Ministre ne palliera pas cette inégalité.

Même à Paris, qui est une ville globalement favorisée, les conditions d’une mise en place satisfaisante de ce temps périscolaire ne sont pas réunies : manque de locaux pour réaliser ces activités, absence d’une filière de l’animation bien structurée avec des personnels  bien formés et  stables (6 000 vacataires actuellement).

Les communistes pensent que le changement des rythmes ne peut se faire que dans le cadre d’un projet global qui doit être débattu collectivement. Pour eux, la question centrale est : comment faire réussir tous les élèves ? Ils demandent l’ajournement de cette réforme.  Un passage en force de celle-ci créerait une fracture qui rendra difficile les discussions à venir.

De son côté, le Conseil de Paris décidera le 25 mars s’il maintient l’application de cette réforme dès septembre 2013 ou s’il la reporte à 2014. Le débat est loin d’être clos.