Article de Politique nationale - Publié le Mardi 19 Mars 2024

GAZA : Le silence est complicité

  • Manifestation de soutien à la Palestine

    Dans de nombreux pays, des manifestations se sont multipliées ces derniers mois pour un cessez-le-feu et engager un processus de négociations permettant d’aboutir à une paix durable. La mobilisation doit se poursuivre. 

Génocide, ce mot terrible qui se murmurait encore il y a quelques semaines, devient avec le temps une évidence. Les morts palestiniens se comptent par milliers. Morts sous les bombes, morts par manque de soins, morts de faim et de soif. La riposte Israélienne à la terrible attaque du 7 octobre dernier est manifestement disproportionnée. Les villes gazaouis ne sont plus qu’un champ de ruines, le système de santé n’existe plus, toutes les universités de Gaza ont été intentionnellement pulvérisées, autant de marques de la volonté d’effacer de ce territoire tout signe de la présence d’un peuple.

Prétendre vouloir anéantir le Hamas et dans le même temps mener contre les gazaouis ce déchainement de violence, poursuivre l’installation de nouvelles colonies juives dans les territoires palestiniens, envoyer les militaires dans les camps de réfugiés, c’est au contraire attiser les haines et nourrir l’extrémisme.

Un conflit aux sources anciennes

Les plaies sur ce territoire sont ouvertes depuis de trop nombreuses années pour que cette violence résolve quoi que ce soit. Les morts, les destructions, les humiliations, tout cela a déjà été tenté et le résultat c’est l’approfondissement des incompréhensions et la fabrication d’un monde où les deux parties ne peuvent plus cohabiter.

L’attaque du Hamas a cristallisé le ressentiment des Israéliens, les voix de la paix se sont tues et peinent à se faire à nouveau entendre. La guerre menée contre les palestiniens ne pourra que déboucher sur le cercle vicieux de nouvelles violences. Il faut revenir à la raison, le conflit Israélo-palestinien ne se résoudra pas par la guerre.

Comme l’affirmait en décembre 23, le révérend luthérien palestinien Munther Isaac : « Soyons clairs : le silence est complicité et les appels vides à la paix sans appel au cessez-le-feu et à la fin de l’occupation, de même que les paroles superficielles d’empathie sans action directe, relèvent tous de la complicité ». Comment comprendre autrement les propos de J. Biden critiquant l’acharnement de   B. Netanyahu, mais continuant à lui livrer les armes qui lui permettent de poursuivre la guerre.

Parfois s’élève, timide, une voix de compassion, mais elle n’est tolérée qu’à condition qu’aucune critique ne soit exprimée vis-à-vis des autorités israéliennes, car alors on devient le diable, pire un antisioniste. Tout est bon pour empêcher que grandisse en France l’exigence de la recherche d’une voie de paix. Sommes-nous condamnés, impuissants, à assister de loin au massacre d’un peuple et de ses souffrances.

Saurons nous imposer la Paix ?

Pourtant des combattants de la paix, tant Israéliens que Palestiniens, dénoncent le recours à la violence. On assiste à quelques actions de solidarité d’Israéliens qui tentent par exemple de convoyer des vivres vers Gaza, même si l’armée s’y oppose. Aux Etats-Unis le candidat J. Biden pourrait être mis en difficultés par les nombreux mouvements, dont des mouvements juifs, qui attendent de lui une position ferme et conséquente pour imposer à l’ami israélien la fin des hostilités. Plus près de nous, de grandes manifestations appelant à un cessez-le-feu se sont déroulées en Grande Bretagne.