Article de Politique nationale - Publié le Samedi 9 Janvier 2021

Numérique : la fracture ouverte. Un des faits marquants de la pandémie actuelle.

  • racture numérique .jpeg

    Le recours au numérique et les services en ligne se sont développés massivement ces dernières années. Cette évolution s’est souvent faite avec l’objectif de réduire le coût du travail en supprimant des emplois. La pandémie a mis en lumière la précarité numérique comme phénomène de société majeur qui concerne les catégories les plus fragiles de la population. Il y a urgence à réduire ces fractures sociales.

L’exclusion numérique est bien antérieure à la pandémie que nous vivons. Elle s’est constituée au fil des années, au fur et à mesure que le numérique et les services en ligne se sont imposés dans la vie quotidienne avec l’objectif de baisser les coûts du travail.

Les organismes tant publics que privés ont réduit et même supprimé dans certains cas l’accès physique aux services pour des raisons de rentabilité et de réduction d’effectifs. Nous en sommes tous témoins : Pôle Emploi, la CAF, EDF, la police, les services médicaux sont désormais essentiellement joignables sur Internet.

Le confinement a mis cruellement en lumière la précarité numérique comme phénomène de société majeur. On a pu voir lors du premier confinement que des élèves, des étudiants, avaient de sérieuses difficultés à travailler de chez eux en particulier en visio. Les seniors ont été confrontés à d’autres difficultés pour contacter leurs proches ou prendre des rendez-vous médicaux. Ces situations n’ont pas seulement concerné les zones rurales dites « zones blanches » pour lesquelles l’accès à Internet par l’intermédiaire d’une box ou d‘un smartphone est difficile voire impossible.

Une fracture sociale et générationnelle

En plein Paris, dans notre arrondissement, on pouvait constater que la fracture numérique recouvrait pour l’essentiel une fracture sociale et générationnelle. Les difficultés se faisaient jour sur trois axes :

  • L’achat et la disponibilité du matériel informatique (PC, tablettes ou smartphone). Ces matériels sont inégalement adaptés aux différents usages. Suivre des cours en ligne un smartphone ou une tablette parfois partagée au sein d’une famille empêche élèves et étudiants de travailler facilement.
  • La maîtrise du numérique. C’est sans doute chez les plus âgés d’entre nous que les manques sont les plus manifestes mais pas seulement, les clivages sociaux restent dominants bien que rarement évoqués. Les personnes étrangères qui ne maîtrisent mal le français sont aussi pénalisées.
  • Le prix des forfaits Internet. Les forfaits (via une box) des fournisseurs d’accès Internet restent hors de portée pour les familles les plus modestes (30 euros par mois) auxquels il faut de toute façon ajouter un forfait mobile (10 euros minimum).

Nécessité d’intervenir à plusieurs niveaux

La question du matériel est sans doute la plus facile à résoudre. Le financement des équipements doit pouvoir être pris en charge ou facilité pour le plus grand nombre, en visant la durabilité, la sécurité des données personnelles et en écartant tant que possible les GAFAM des solutions logicielles proposées.

En matière de formation au numérique, les efforts déjà déployés depuis plus de vingt ans par les associations subventionnées et par les collectivités elles-mêmes doivent être développés à une toute autre échelle avec des financements pérennes de la part de l’État.

Enfin en ce qui concerne les forfaits Internet, il faut créer de véritables tarifs sociaux comme il en existe pour l’énergie, le numérique étant devenu incontournable pour toute la population.

Agir pour réduire les fractures sociales

En conclusion, on voit bien que cette question est désormais une priorité même si l’accueil physique dans les services publics et les sociétés doit être maintenu et même redéveloppé, grâce à l’appui et non à la place du numérique. Le numérique continuera à se développer car il nous rend de précieux services (documentation, communication en particulier), mais comme dans d’autres domaines c’est sur les fractures sociales qu’il convient d’agir. Ce sera l’un des thèmes abordés lors des futurs Etats Généraux du Numérique que le PCF prépare.