Article de Vie locale - Publié le Mardi 8 Janvier 2013

Ils –elles ont lutté, elles- ils ont gagné

Chaque lutte est une victoire sur le discours dominant qui nous incite à accepter de céder emplois et acquis sociaux au nom d’une compétitivité qui ne sert que les intérêts des actionnaires. Chaque victoire en appelle d’autres.
  • Manifestation du Front de Gauche contre l'austérité.

Chaque jour apporte son lot d’annonces de fermetures d’entreprises et /ou de restriction au fonctionnement d’un service public. Chaque jour des salarié-es sont placé-es face à cette dure réalité, le chômage est au bout du chemin.

Mais tous ne se résignent pas et si l’on médiatise moins les victoires, elles suscitent l’espoir.

Valréas (Drôme), il y a trois ans, la ministre du moment, R. Bachelot annonce la fermeture de la maternité au motif qu’il n’y aurait plus assez de personnel pour assurer le service … Cet argument  insidieux n’impressionne ni le personnel, ni les futures mères renvoyées sur des hôpitaux déjà surchargés à Orange ou Montélimar. Un comité de sauvegarde de la maternité se crée fin 2012. La cour d’appel de Marseille a ordonné le maintien de l’activité. Il reste à présent à obtenir de la nouvelle ministre, M. Touraine, qui hier condamnait les déserts médicaux, les moyens de son fonctionnement.

Toujours en 2009, le finlandais M-Real avait annoncé sa volonté de fermer le site papetier d’Alizay qui employait 330 salariés. Durant trois années, l’intersyndicale s’est battue, s’appuyant notamment sur le soutien des élus locaux. Fin  décembre, le Conseil Général de l’Eure, présidé par J.L. Destans (PS), a adopté, à l’unanimité, une délibération pour assurer sur fonds publics la reprise de l’entreprise. La revente de la plus grande partie du site au Thailandais Double A est prévue, tandis que le groupe  français Neoen, filiale de Direct Énergie, opérera sur une centrale biomasse qui fournira l’énergie nécessaire à cette production et même au-delà. Entre 150 et 200 salariés seront repris immédiatement, avec une perspective de 250 dans un délai rapproché.  La priorité des embauches ira aux ex-M-Real licenciés en avril dernier, d’autant qu’ils ont le savoir-faire sur la machine à papier.

A Vedène, dans le Vaucluse, les salariés de Continental Nutrition, après 431 jours de grève, obtiennent le réaménagement de leur site en pôle d’activités de logistique industrielle.  Dès le début, les salariés ont clamé avec leur syndicat, « on lâche rien ».

Leur lutte a été soutenue par la solidarité de tout un territoire, regroupé dans un comité de soutien crée par l’union locale CGT, après une visite chaleureuse à la Fête de l’Huma. C’est Albert Cordola, résistant, rescapé des camps nazis, qui leur a offert la recette de son dernier livre. Cette première victoire enregistrée, la CGT  ne relâche  pas pour autant sa vigilance, exigeant des garanties concernant l’emploi, la formation, la nature des embauches.       

Pour les Fralib, la lutte passse par la case "Assemblée nationale" où ils tenaient le 20 décembre une conférence de presse aux côtés  d’André Chassaigne, député PCF, pour annoncer leur projet de Scop. Pour eux, la bataille n’est pas terminée, mais leur ténacité a permis d’attirer l’attention de partenaires  industriels de la distribution et de la production de thé : un investisseur est prêt à s’engager à hauteur de 20 millions d’euros pour développer la marque. A suivre donc.

A travers ces différents exemples, la preuve est faite qu’il existe une voie pour stopper le démantèlement de notre tissu industriel et pour concrétiser l’ambition d’un redressement productif du pays. Il faut que de réels pouvoirs d’alerte et d’orientation soient confiés aux salariés au sein de l’entreprise. Avec, en complément, une réorientation du crédit bancaire au service de l’investissement productif et innovant, de l’emploi et de la formation, que porterait un véritable pôle public bancaire et financier.

Chaque lutte est une victoire sur le discours dominant qui nous incite à accepter de céder emplois et acquis sociaux au nom d’une compétitivité qui ne sert que les intérêts des actionnaires.

Chaque victoire en appelle d’autres comme dans le Nord où les salariés de Savelys, filiale de GDF – Suez, viennent d’obtenir embauches et primes ou ceux de Carrefour Market qui obtiennent en justice le paiement de leur temps de pause (somme variant de 2 000 à 5 000 euros selon les cas) ainsi qu’une prime mensuelle de 30 euros pour l’entretien de leur tenue de travail.