Article de Journal à Paris 10 - Publié le Vendredi 21 Mai 2021 - Numéro de Mai - Juin 2021

Le prix inestimable des vaccins

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    Le vaccin doit être un bien public mondial.

La santé ne devrait pas avoir de prix, dit, à juste titre, la maxime. Et pourtant le traitement de la pandémie et l’accès aux vaccins sont otages des profits des géants de l’industrie pharmaceutique.

Exemple le vaccin Pfizer, facturé 12€ la dose pour les premières commandes, puis 15,50€, va passer à 19,50 € la dose pour les contrats à venir signés par l’Union Européenne.

En cause, non pas de nouvelles dépenses de recherche rendant le vaccin plus performant, mais l’exacte application de la loi du marché selon les stricts propos d’A. Bourla, patron de Pfizer.

Les États ont fait des avances de fonds publics colossales à l’industrie pharmaceutique : l’Europe a versé 445 millions d’euros à Pfizer tandis que les USA, dans le cadre de l’opération Warp Speed (*), débloquaient 10 milliards. Les laboratoires ont profité des avancées de la recherche publique. La Chine, quant à elle, a séquencé le virus, ce qui est un préalable à la fabrication des vaccins, et a mis le séquençage dans le domaine public pour une large utilisation.

Pfizer a engrangé déjà entre 50 et 60 milliards de chiffre d’affaires. Le patron de Bio N’Tech est devenu milliardaire.  Malgré cela, la proposition états-unienne de levée provisoire de la propriété des brevets essuie aujourd’hui un refus des autorités européennes et singulièrement de la France, bien qu’en avril 2020, E. Macron affirmait que les vaccins devraient devenir « biens publics mondiaux ».

Le froid calcul des actionnaires l’emporte sur toute autre question. L’Inde est submergée par le virus, de nouveaux variants se développent du fait des lenteurs vaccinales et les pays pauvres sont toujours dans l’attente des premières doses. Cela importe peu aux banques et fonds de pensions, actionnaires de ces laboratoires.

L’intérêt même de la planète est à la reprise économique qui ne peut advenir tant que le risque de contamination reste élevé. Et il est illusoire de penser que les pays riches s’en sortiront seuls.

Il faut intensifier la production des vaccins. Certes les USA doivent cesser de faire la rétention des composants pour leur fabrication, mais il faut aussi que les brevets soient accessibles à tous les laboratoires ayant les moyens de production. Pour cela il est indispensable de lever sur eux la propriété intellectuelle et de procéder aux transferts de technologies permettant une production massive. Pour que tout le monde soit protégé, il faut que le vaccin soit accessible à toute l’humanité.

 

(*) Warp Speed, opération hors norme menée par les Etats Unis pour accélérer la recherche d’un vaccin.