Article de Politique nationale - Publié le Mercredi 31 Mars 2021

Quelle politique énergétique pour notre pays ?

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    Pour le GIEC, l’urgence n°1 est de réduire les gaz à effet de serre afin de contenir le réchauffement climatique et d’empêcher une augmentation de la température au-dessous de 2°. Cela suppose de réduire l’utilisation des énergies fossiles. Le recours à une électricité s’appuyant sur un mix énergétique bas carbone (hydraulique, nucléaire, ENR…) peut contribuer à réduire leur utilisation dans de nombreux domaines : déplacement, habitat, production industrielle… Mais l’accroissement de la production d’électricité doit se faire en écartant le recours au charbon ou au pétrole, voire même l’utilisation du gaz, fort émetteur de CO2.

     

     

Le gouvernement vient de présenter à l’Assemblée nationale son projet de loi « Climat et résilience », censé reprendre les propositions de la Convention citoyenne pour le climat. Le texte proposé manque d’ambition et ne permettra pas d’atteindre, en 2030, la baisse de 40% des gaz à effet de serre prévue par la loi relative à la transition énergétique du 17 août 2015.  Une priorité pourtant incontournable pour contenir à 2° l’augmentation de la température et tendre à la neutralité carbone en 2050.

A l’occasion de ce projet de loi et…  à l’approche des élections présidentielles, on assiste à une relance du débat sur la politique énergétique de notre pays.  Notre mix énergétique nous permet d’avoir une production électrique bas-carbone à 90 %, à savoir 67% de nucléaire, 13% d’hydraulique, 8% d’éolien. Une situation quasiment unique en Europe. Alors que le GIEC classifie le nucléaire parmi les solutions bas carbone (seulement 15 g de CO2 par KW/h), certains prétendent vouloir se passer du nucléaire en réduisant sa part à 50%.  Jean-Luc Mélenchon fait de la surenchère en déclarant, en toute irresponsabilité, le 15 mars dernier, sur France Inter, vouloir supprimer le nucléaire dès 2030. Plus vert que les Verts !

Le contre-modèle allemand

C’est ce type de démarche qui a été mise en œuvre depuis 10 ans en Allemagne où la quasi-totalité des centrales nucléaires ont été fermées. Le résultat est catastrophique en matière d’émission de gaz à effet de serre, en raison de l’utilisation massive du lignite et du charbon (1024 g par KW/h) ou du gaz (491 g par KW/h). Malgré des investissements colossaux réalisés dans les énergies renouvelables (300 Mds €), l’éolien n’a représenté en 2019 que 21% de la production électrique allemande et le photovoltaïque seulement 7%. La production électrique en Allemagne a généré 208 M de tonnes de CO2 (22,7 M en France). Ce bilan, désastreux pour le climat, fait de l’Allemagne, l’un des pays les plus gros émetteurs de CO2 en Europe. Et il n’est pas sans créer un certain trouble chez de nombreux écologistes outre-Rhin et au-delà.

Besoin de davantage d’électricité pour réduire la part des énergies fossiles

Dans le souci de réduire notre consommation énergétique, la loi sur la transition invite à renforcer l’efficacité et la sobriété énergétiques. C’est une préoccupation légitime, mais le concept de sobriété n’est pas pertinent au regard des besoins et du droit à l’énergie encore bien mal couvert dans de nombreux pays où l’électricité manque au développement de chacun et peut être source de maladies. En France même on compte toujours quelques 9 millions de personnes en précarité énergétique.

En plus de ces besoins non satisfaits, s’ajoute une multitude de nouvelles utilisations qui émergent aujourd’hui. Plusieurs d’entre elles peuvent avoir un effet positif sur la réduction des énergies fossiles. C’est le cas dans le secteur des transports (31% des émissions de C02), où est attendu un fort développement des véhicules à traction électrique. Et dans ce secteur, il serait vital également de réduire le transport de marchandises par camions au profit du rail. En veillant à ce que l’électricité utilisée soit la plus possible dé-carbonée et donc en s’appuyant sur l’atout nucléaire français.

Le numérique est également un secteur en plein développement qui va nécessiter une augmentation des besoins en électricité. On peut certes s’inquiéter du coût environnemental de cette technologie (extraction massive de terres rares pour produire ces équipements), mais le numérique peut ouvrir l’accès à des avancées bénéfiques dans différents secteurs dont celui de la production.

Lire notre article : http://www.pcfparis10.fr/article/politique-nationale/numerique-quelle-em...

Le secteur du bâtiment est aussi un gros émetteur de CO2 (19% des émissions), avec le fort recours au gaz et au fioul en zone rurale. Au-delà des indispensables travaux d’isolation thermique, l’utilisation d’une électricité bas carbone associée à des pompes à chaleur contribuerait à réduire les émissions de CO2 en matière de chauffage et aussi à répondre aux besoins croissants en matière de climatisation. 

Par ailleurs, l’hydrogène, qui est une nouvelle source d’énergie au potentiel prometteur, est actuellement produite, à petite échelle, avec des énergies fossiles. Il est tout à fait possible d’assurer une production plus importante par électrolyse, mais avec de l’électricité dé-carbonée évidemment.

Nécessité d’un mix-électrique bas carbone    

Le RTE (Réseau de Transport d’Electricité) a lancé dernièrement une consultation publique et proposé plusieurs scénarios de production électrique permettant d’atteindre la neutralité carbone en 2050. Ces scénarios sont basés sur une hypothèse de consommation finale d’électricité en 2050 de 580 TWh, soit une progression de 23% par rapport à notre consommation actuelle. Une augmentation importante mais jugée sous-estimée par les partisans d’une réindustrialisation durable de notre pays afin de réduire les transports de nos produits importés sur des milliers de kilomètres.

Outre cette nécessité de répondre à l’augmentation des besoins en électricité, il faut veiller à disposer d’une électricité pilotable pour satisfaire les besoins à tous moments de la journée et de l’année. Or il est impossible de s’appuyer sur les seules énergies renouvelables, par nature intermittentes, pour faire face aux pics de consommation. Notre système de production électrique permet grâce aux centrales nucléaires de disposer d’une flexibilité de l’utilisation des potentiels de production d’électricité. Ce qui assure le caractère pilotable de cette production. C’est à dire capable de répondre quasi instantanément aux pics de consommation et d’assurer ainsi en permanence la stabilité de notre réseau électrique.

Privée de ses centrales nucléaires, l’Allemagne multiplie la réalisation de centrales fonctionnant au gaz naturel. Ce qui rend par conséquent « stratégique » la mise en œuvre du projet de gazoduc Nord Stream 2 reliant ce pays à la Russie. Il disposerait de la sorte d’une énergie moins carbonée que le lignite ou le charbon et qui serait suffisamment flexible pour lui assurer le caractère pilotable requis. Seulement le gaz demeure une énergie émettant d’importantes quantité de CO2.

Besoin d’un débat dépassionné et non dogmatique

Compte tenu de ces retours d’expériences, il est légitime de réactualiser les scénarios imaginés dans le cadre de la loi de transition énergétique de 2015, tant au niveau de l’estimation des besoins d’énergie électrique pour 2050 qu’en ce qui concerne la répartition entre énergies pilotables et des énergies intermittentes.

Cela nécessite d’organiser un débat sérieux et non dogmatique, prenant en compte et les besoins croissants d’électricité, et ceux de réduction des émissions de GES.

Nous disposons en France d’un mix-énergétique constitué d’une importante base d’électricité pilotable, à savoir le nucléaire et l’hydraulique, et d’un ensemble d’énergies renouvelables, en développement, mais intermittentes. Un atout capable d’assurer sécurité d’approvisionnement et souveraineté nationale, ainsi qu’un bilan carbone exceptionnel.

Graves menaces de démantèlement de l’entreprise historique EDF

Estimant que l’électricité doit être considéré comme un bien public, les communistes pensent qu’il faut créer un pôle public de l’énergie s’appuyant sur EDF, une entreprise qui a permis d’assurer un service public accessible à tous et en tous lieux, au même tarif.

A l’opposé, le gouvernement travaille sur un projet qui vise à démanteler EDF au profit des intérêts privés. C’est le projet Hercule qui est l’ultime étape d’un processus de libéralisation et de mise en concurrence de tous les producteurs d’électricité, comme le souhaitent les dirigeants européens.

EDF serait éclaté en 3 entités autonomes : la production d’électricité, qui nécessite des investissements lourds, resterait publique. Par contre la commercialisation de l’électricité, la partie susceptible de générer des profits, passerait progressivement dans les mains d’entreprises privées.

Lire notre article : http://www.pcfparis10.fr/article/politique-nationale/projet-hercule-dema...

Les communistes appellent à prendre part à toutes les mobilisations syndicales et politiques qui s’organisent pour mettre en échec ce projet. C’est l’intérêt des usagers eux-mêmes afin qu’ils puissent disposer d’un vrai service public à un prix accessible à tous.  C’est aussi une garantie pour tenir les engagements incontournables de réduction de GES.