Ce vers du poète romantique allemand Friedrich Hölderlin exprime bien tout le paradoxe de la situation dans laquelle nous sommes. Jamais depuis longtemps, en effet, les périls n’ont été aussi importants et menaçants.

Péril politique pour la gauche qui paie au prix fort les trahisons et les reniements successifs du gouvernement Hollande, déconsidérée et décrédibilisée qu’elle est dans son ensemble aux yeux de la population.

Péril social avec le projet de loi qui attaque au cœur le code du travail, fragilise et précarise les droits des travailleurs au nom d’une doxa libérale et d’une hypothétique performance des entreprises.

Péril démocratique avec une France qui vit sous un état d’urgence en passe de devenir permanent et où le 49.3 vise à faire taire toutes les voix divergentes.

Et malgré tout, des voix, de plus en plus nombreuses et de plus en plus fortes, se font entendre. Celles des manifestants - lycéens, salariés, étudiants, syndicalistes - qui depuis mars battent le pavé partout dans le pays avec constance et détermination. Celles des députés communistes, écologistes, Front de gauche et « frondeurs » socialistes à l’Assemblée qui enflent et s’étendent. Celles des citoyens, toujours plus nombreux, qui affluent place de la République et passent leurs Nuits Debout à parler, à écouter, à partager et à échanger. Nul doute que c’est dans ces voix-là que réside et croît un nouvel espoir.